Le soleil se levait à peine sur le petit village de Great Hangleton. De sa chambre, dans une petite maison coquette qu'il avait acquis à peine un an plus tôt, Seth Sharms pouvait voir les rayons du soleil éclairer le majestueux château, aujourd'hui transformé en université dans laquelle il se préparait à aller donner cours pour le premier jour de la rentrée. Une nouvelle année commençait pour lui et pour tous les élèves inscrits cette année. Il venait de prendre sa douche et sortit rapidement de chez lui, les cheveux encore humides, pour aller prendre le petit déjeuner à l'école, à la table des professeurs, en face de celle des élèves. Ils étaient tous âgés d'au moins 17 ans, et avaient le droit d'aller et venir comme bon leur semblait dans l'école. Cependant, le directeur – disparu depuis quelques jours à la grande détresse de toute la population – avait voulu garder une certaine tradition, et élèves comme professeurs étaient fortement invités à venir prendre leur petit déjeune ensemble. C'était une façon de bien commencer la journée, de se mettre dans l'ambiance du travail et de la concentration en s'imprégnant des lieux dès le matin.

Seth parcourut donc les quelques centaines de mètres qui séparaient sa maison du château. Il entra par l'entrée principale, traversant un hall avant de tourner vers la grande salle qui accueillait les repas et les occasions spéciales. Elle était déjà bondée malgré l'heure encore matinale. Les élèves se précipitaient à leur table, contents de retrouver leurs amis, ou inquiets de ne pas s'en faire, parce qu'ils étaient nouveaux. La répartition avait eu lieu la veille au soir, et tout le monde avait donc sa place.
Seth se dirigea vers la table du fond, celle des professeurs, regardant les visages. Il en reconnaissait certains, des élèves qu'il avait eus les années précédentes, et découvrait les nouveaux. S'installant à sa place habituelle, il salua les autres professeurs d'un signe de tête, souriant à certains. La place du directeur était étrangement vide, et l'on pouvait lire sur tous les visages des professeurs qu'ils étaient secoués par la nouvelle. Pourtant, il fallait bien continuer à vivre. C'était un des collègues de Seth qui avait pris le poste de directeur en attendant que son possesseur ne revienne. Ils espéraient tous qu'il reviendrait. Mais personne n'en était certain.

Le petit déjeuner se passa sans encombre, et lorsque la cloche sonna, annonçant l'heure du premier cours qui approchait à grands pas, élèves et professeurs se levèrent tranquillement pour rejoindre leurs classes. Les élèves avaient eu leurs emplois du temps la veille également, et savaient donc où ils devaient se rendre. Seth commençait par un double cours de Sortilèges Avancé de niveau I, avec des élèves de deuxième et de troisième années combinés. Il espérait que ce serait une bonne classe. D'ordinaire, les élèves plus âgés étaient un peu plus disciplinés, ils arrivaient au bout de leur cursus et prenaient les choses au sérieux, alors que les première année avaient tendance à être encore dans la découverte et l'expérimentation.
Le jeune professeur se dirigea donc vers sa salle de classe, dans l'amas d'élèves qui voyageaient dans les couloirs. Lorsqu'il arriva devant sa porte, il put entendre le brouhaha des élèves déjà présents. Il poussa la porte et la referma en la claquant derrière lui afin d'attirer l'attention des élèves, pour obtenir le silence. Cela n'eut pas l'effet exactement escompté, mais au moins il se fit remarquer. Il se dirigea lentement vers son bureau, laissant le temps à tout le monde de s'installer et de prendre place. Quand il eut installé toutes ses affaires, il fit face aux nombreux visages en face de lui.

« Bien ! Certains me connaissent déjà, d'autres ont eu affaire à un autre professeur durant leurs années précédentes. Je suis donc le Professeur Sharms, et je vous enseignerai cette année le cours de Sortilèges Avancé de niveau I. Nous n'allons pas nous éterniser en conversations inutiles. Je vous prierais de prendre vos livres à la page 67, où vous trouverez un descriptif des sortilèges de protéiforme. Ce sera le sujet de notre double cours aujourd'hui. Lisez le premier paragraphe, nous en discuterons après. Et en silence, s'il vous plait. »

Les élèves s'exécutèrent. Nombre d'entre eux connaissaient la réputation du professeur et étaient silencieux. D'autres, en revanche, ne semblaient pas encore avoir pris connaissance du mot discipline et de la façon dont Seth l'envisageait. Il les observa en silence, sans un mot, mais sortit sa baguette et la pointa en direction de l'un ou l'autre. Il usa du sortilège de Bloclang de manière informulée et fut satisfait d'obtenir le silence au bout de seulement deux sorts lancés. Les autres comprirent rapidement qu'ils feraient mieux de se taire.
Le directeur n'avait jamais approuvé qu'on utilise des sortilèges sur les élèves, mais celui-ci n'avait aucune conséquence, et il s'agissait uniquement de discipline aussi avait-il laissé passer.

Au bout de plusieurs minutes, Seth constata que tous les élèves avaient la tête relevée. Il libéra les deux élèves à qui il avait collé la langue au palet, et se releva.

« Qui peut me dire à quoi peut bien servir un sortilège de protéiforme ? »

C'était une notion qu'ils devaient connaitre, mais il voulait s'assurer que tout le monde soit sur la même longueur d'ondes avant d'aller plus loin. Quelques mains se levèrent, il interrogea une élève qui lui donna une réponse correcte.

« Très bien. Nous allons donc nous exercer aujourd'hui à lancer ce sortilège sur un groupe d'objets liés. Il vous faudra d'abord lier ces objets par le sort avant de l'utiliser à des fins de communication, cela va de soi. »

De sa baguette, il fit venir devant chaque élève un lot de dix pendules pendues à des chaînettes. Sans un mot de plus, il les laissa faire, et lança un regard d'évidence en voyant que personne ne bougeait. Tous se mirent alors au travail.
Au bout de quelques minutes, des voix s'élevèrent, d'abord dans un murmure, puis de plus en plus sonore. Les élèves essayaient de s'entraider les uns les autres. Ce sortilège pouvait s'avérer compliqué si le lien entre les objets n'était pas correctement fait au départ. Il remarqua une élève de Gryffondor qui essayait vaguement, l'air complètement ailleurs, distraite par la conversation qu'elle semblait mener avec sa voisine. Agacé, Seth riposta.

« Mademoiselle Elder ! Auriez-vous besoin d'un petit coup de main pour stopper votre conversation et vous concentrer sur l'objet de notre cours ? » grogna-t-il en menaçant de sa baguette de lui jeter un sort de Bloclang. « Puisqu'il semble que vous soyez incapable d'utiliser ce sort correctement, vous viendrez cet après-midi en cours de Sortilèges des deuxième année. Un petit rattrapage vous fera le plus grand bien ! »

Il ne la regarda pas plus longtemps, reportant son attention sur les autres. Il n'avait jamais eu cette élève. Elle était charmante, il n'avait pu s'empêcher de le remarquer, mais elle semblait tout autant bavarde et peu intéressée par ce qu'il tentait de leur enseigner. Il n'aimait guère que l'on commence l'année de la sorte...

Liv se réveilla en sursautant. Il était tôt et son réveil n'avait pas encore sonné. Elle aurait bien voulu se rendormir, mais elle se sentait contrariée et ne savait pas trop pourquoi. Elle se leva et fila donc la salle de bain attenante à sa chambre. Elle prit une bonne douche, prit même le temps de tresser quelques mèches et de mettre un brin de maquillage sur ses yeux, rejoignit la salle commune qui était, à son grand désarroi, totalement vide et poussa le tableau qui masquait l'entrée de la salle pour sortir. Il était encore tôt et Liv décida de faire un crochet par la bibliothèque du château dans l'espoir d'y trouver les livres qu'elle recherchait. Liv posa ses affaires sur une table et entreprit de parcourir les rayonnages. La bibliothécaire était une grosse enquiquineuse à l'instar de sa condisciple qui travaillait à Poudlard ; elle suivait Liv du regard dans l'espoir d'avoir un reproche à lui faire qui lui permettrait de la jeter dehors et de retrouver la quiétude solitaire de la bibliothèque. Les dix minutes suivantes furent ponctuées par des « Faites moins de bruit! », « Ne touchez pas les livres si vous ne comptez pas vous en servir! », « J'espère que ses mains sont propres à celle-là... » et de soupirs exaspérés, tous plus longs les uns que les autres. Liv finit par plier bagage, en n'omettant pas au passage de simuler un éternuement bruyant en direction des livres. La bibliothécaire n'oublia pas de l'insulter copieusement et ce qui fit rire Liv pendant une bonne partie du chemin jusqu'à la Grande Salle.

Minaly et elle étaient devenues amies dès leur première rentrée ici. Elle était elle aussi en 3ème année mais elle était une Poufsouffle et ne suivait pas les mêmes études que Liv, ce qui ne les empêchaient pas de s'entendre très bien. Minaly l'attendait à la table des Gryffondor et Liv se précipita quand elle l'aperçut :
« Mina! Je suis contente de te revoir! » dit-elle avant de la serrer dans ses bras.
« Je me suis permise de me joindre aux lions pour notre premier petit dèj ici... »
Les deux jeunes femmes papotèrent un moment devant leur petit déjeuner avant de réaliser qu'elles avaient cours ensemble une partie de la matinée.
« On a Sortilèges Avancé I ce matin... avec Sharms. » Liv fronça les sourcils et se tourna vers Minaly « Tu le connais celui-là? »
« Je ne l'ai jamais eu non plus. Mais à ce que j'ai entendu dire, c'est un ancien Serpentard super sévère... et que les premières années tout droit sorties de Poudlard sont en passe de faire un fan club à son nom! Il paraît qu'il est plutôt pas mal. » dit-elle en rigolant.
Liv fit de même en secouant la tête de gauche à droite. Ah, ces premières années...
Elles quittèrent peu de temps après leur table des Gryffondors pour rejoindre l'étage des cours de Sortilèges.

Le professeur Sharms fit une entrée bruyante en claquant la porte, ce qui eut pour effet de faire taire les plus vieux d'entre eux et d'encourager les plus jeunes. Alors qu'il se présentait, Minaly donna un coup de coude et fit un signe de tête dans sa direction voulant « Il est pas mal, je te l'avais dit! ». Liv sourit mais se retient de rire et reporta son attention sur ce qu'il se passait devant le tableau.
Le sortilège de Protéiforme était complexe, Liv le savait. Elle avait un jour réussi à créer un lien entre deux objets grâce à ce sort en 6ème année... Enfin, un vague lien. Elle n'avait jamais retenté l'expérience depuis car elle n'avait jamais eu besoin de l'utiliser. Mais elle était une sorcière beaucoup plus puissante aujourd'hui et le cours de sortilèges était un de ses domaines de prédilection, avec la métamorphose.

Une fois en possession de leur dix petites montres à gousset, Liv et Minaly reprirent leur conversation :
« Je pense que je vais descendre sur le Chemin de Traverse de Londres ce week-end. J'essaie de trouver des livres sur la métamorphose de haut niveau... oui, je sais, c'est du travail supplémentaire, mais je n'ai plus ce cours depuis que je suis ici et c'est une matière que j'adore... Pfff, au lieu de ça j'ai Divination! Une belle blague si tu veux mon avis... »
Liv allait continuer sa phrase en remuant sa baguette d'un air distrait lorsque son professeur l'apostropha. Liv préféra garder le silence, même si une petit voix au fond d'elle voulait envoyer Sharms sur les roses. Malgré sa retenue, elle se vit attribuée un cours de rattrapage avec les deuxième année de l'après-midi. Mais au lieu de s'énerver d'avantage, Liv fut plutôt ravie de retourner en sortilèges – d'autant plus que cela lui permettrait d'écouter son cours de divination – et répondit en souriant, même si Sharms c'était déjà détourné :
« Très bien! »
Minaly, sa voisine murmura doucement :
« C'est contre-nature d'être contente comme ça... » dit-elle en riant.
« Que veux-tu, je prends les choses positivement! » répondit Liv sur le même ton avant de mettre un doigt en travers de sa bouche, signifiant qu'il était temps de se taire.

Une fois sortie du cours, les deux jeunes femmes se séparèrent, toutes deux ayant des cours différents. Liv se rendit à son cours d'Etude des Runes qui dura jusqu'au déjeuner. Liv passa son heure et demi de libre dans la Grande Salle à discuter. La rentrée avait cela de particulier que tout le monde était heureux de revenir à Hangleton et une bonne humeur et une excitation persistaient toute la semaine à l'intérieur du château. C'était une période que la jeune Elder aimait beaucoup. Après un longue heure et demie d'ennui en Divination, Liv s'excusa auprès de son professeur, quitta la salle, retourna dans les étages du château et rejoignit les rangs des sorciers de 2ème année qui attendaient leur cours de Sortilèges et aperçut une des personnes qu'elle appréciait le plus :
« Sacha! »
Sacha Alexanders, son meilleur ami depuis leur première rentrée à Pourdlard était aussi un Gryffondor. Ils se serrèrent dans leurs bras et Liv l'embrassa sur la joue, devant le groupe de commères par excellence de sa Maison.
« Mais qu'est ce que tu fais ici? » lui demanda-t-il.
« J'ai été punie... » dit-elle avec un sourire espiègle.
« Ah! vilaine fille... » répondit-il sur le même ton.
Ils ne purent continuer leur petite blague plus longtemps – faire semblant qu'ils étaient plus que des amis était une occupation à part entière – car le professeur de Sortilèges arriva. Ils quittèrent les bras de l'autre et entrèrent dans la salle de classe.
Après une demi-heure de concentration silencieuse et de tentatives plus ou moins infructueuses, Liv réussit son sortilège de Protéiforme – ce qui demanda beaucoup plus d'efforts à Sacha – et testa son efficacité en changeant la couleur, la forme, l'emplacement des aiguilles sur la montre de départ. Le sortilège semblait très bien fonctionné, mais Liv attendait l'approbation de Sharms avant d'en éprouver une quelconque satisfaction.
« Sacha! » appela-t-elle à voix basse, mais assez audible pour sa fouineuse de voisine « Ça te dit que... toi et moi, ce soir... » dit-elle en levant un sourcil faussement aguicheur.
Il lui répondit pas une signe d'approbation et un sourire. Allons donc pour boire un verre en ville ce soir alors...

L'élève avait approuvé ses remontrances d'un air un peu trop enjoué au goût de Seth. « Encore une qui n'en a rien à faire » pensa-t-il, désespéré d'avance. Il se doutait que les résultats de la demoiselle ne serait guère plus brillants cet après-midi, mais il fallait tout de même essayer, et puis de cette façon, il mettait directement les points sur les i.
Le cours se poursuivit normalement et aucun autre incident ne vint troubler le professeur. Ses remarques envers Liv Elder était aussi une façon de montrer à tous les autres de quoi il était capable, et qu'il ne se laisserait certainement pas marcher sur les pieds. Ce qui, apparemment, avait plutôt bien fonctionné. Quelques élèves parvinrent à faire un sort de protéiforme assez convaincant et Seth fut satisfait de ses deux premières heures de cours. Il en avait presque oublié que la blonde devait revenir dans sa classe un peu plus tard. Le cours se termina donc après deux heures, et Seth leur donna un devoir à faire pour le cours suivant, sous les soupirs des plus paresseux qui pensaient sans doute que la rentrée allait être un peu plus paisible étant donné que le directeur était aux abonnés absents. Il n'en fut rien, Seth avait bien l'intention de donner son cours comme à son habitude, même s'il est vrai que les évènements étaient inquiétants et qu'ils, lui et les autres professeurs, se devaient de se tenir sur leurs gardes.

Le Professeur Sharms reçut une autre classe après celle-ci et donna une autre heure de cours qui le mena jusqu'au déjeuner. Il se rendit à Great Hangleton pour y rencontrer l'une de ses meilleures amies, Olivia Olliver. Elle était professeur tout comme lui, et ils se connaissaient depuis Poudlard. Elle était la directrice de la maison Serdaigle, et professeur de Legilimancie, une matière que Seth appréciait. Elle était également jeune et particulièrement jolie, ce qui bien sûr n'était pas étranger au fait que les deux jeunes gens se voyaient parfois pour un peu plus que de l'amitié. Mais de cela, ils n'en parlaient pas vraiment. Ils agissaient simplement comme bon leur semblait, et ça avait toujours plutôt bien fonctionné.

« Ta rentrée s'est bien passée, j'espère ? » demanda la jeune femme tandis qu'ils s'installaient à la table d'un pub de l'Allée Centrale. Elle souriait, heureuse de le voir.
« Très bien... si ce n'est que j'ai déjà dû intervenir et flanquer un rattrapage à une plume à papote en puissance ! Liv Elder, tu la connais ? » demanda-t-il, curieux.
« Oui, je l'ai dans ma classe ! Une bonne élève, même si elle a un peu de mal avec l'autorité... » répondit Olivia, un sourire au coin des lèvres. « Ça me rappelle vaguement quelqu'un, tu ne trouves pas... ? » laissa-t-elle planer, se plongeant dans son menu pour ne pas éclater de rire.

Seth lui tapa la tête avec son propre menu, puis s'y plongea à son tour. Ils déjeunèrent gaiement et rejoignirent ensuite l'école ensemble pour retourner à leurs cours de l'après-midi. Seth n'avait qu'une heure de cours avec les première année, puis une heure de libre. Il profita de ce moment de répit pour vagabonder un peu dans les couloirs et observer les nouvelles têtes. Il alla même faire un tour dans le parc, le temps était plutôt clément, et cela lui faisait du bien de prendre un peu l'air avant de se remettre au travail. Les élèves n'étaient pas toujours faciles à la rentrée, encore pris dans l'excitation de retrouver leurs copains.
Quand la cloche sonna, le professeur se rendit vers sa classe. Il y trouva ses deuxième année, accompagné de la petite blonde qu'il avait puni en première heure de cours. Sans un coup d'œil vers qui que ce soit, il ouvrit la porte de la classe et s'installa. Le cours porta sur les sortilèges de protéiforme, comme dans la matinée, mais ici Seth ne s'attendait pas à ce qu'un de ses élèves parviennent à lier les dix pendules. Sauf peut-être celle qui n'avait pas voulu s'y mettre ce matin... Au bout d'une demi-heure, Seth décida de faire le tour des tables pour voir où chacun en était. Il allait arriver à la table de Liv et avait déjà remarqué qu'elle était parvenue à quelque chose de satisfaisant, mais comme il venait par derrière, elle ne le vit pas et se mit à papoter avec un jeune garçon de la table d'à côté. Seth perçut totalement ce qu'elle lui proposait et la réponse qu'il lui fournit. Agacé, il frappa la tête de la blonde avec son livre.

« Apparemment, si vous semblez avoir compris le sortilège de protéiforme, mademoiselle Elder, les concepts de silence et de concentration vous échappent totalement ! Vous resterez à la fin du cours, que je vous dise deux mots. Et donnez-moi quelque chose d'un peu plus convaincant, votre heure supplémentaire ne semble vraiment pas vous mener beaucoup plus loin, c'est désolant ! »

Il continua le tour des tables et fut agréablement surpris de constater qu'un élève de deuxième année était parvenu à réussir le sortilège avec un brillant succès. Il accorda donc 15 points à la maison Poufsouffle, et l'heure se termina rapidement. Alors que tous les élèves se précipitaient hors de la classe, la jeune Elder traîna et resta avec lui. Il lui fit signe d'approcher quand tout le monde fut parti.

« Ecoutez-moi bien, Miss Elder. Je n'apprécie pas beaucoup qu'on conteste mon autorité. Si vous êtes ici en cet après-midi, c'est déjà un mauvais point pour vous. Que vous continuiez à désobéir allègrement en flirtant avec vos amis me désole profondément. Que ce soit clair : si j'ai encore une seule remarque à vous faire, des points seront enlevés. Et vous viendrez en retenue avec moi, ce soir, au lieu de fricoter. Cela vous fera le plus grand bien ! »

Cette fois, il la regarda dans les yeux, debout face à elle, s'attendant à une réplique, d'après les dires d'Olivia. Il observa ses traits un instant, et les trouva jolis. Elle devait être très charmante, quand elle souriait... et devait faire des ravages auprès des garçons. Pas étonnant que le petit jeune de deuxième année craque sur elle. Des filles comme ça, il n'y en avait pas mille.

Liv ne fut guère surprise de devoir rester après le cours, histoire de s'entendre dire « deux mots ». Il semblerait que Sharms ait décidé de faire un exemple pour le reste de la classe avec son cas. Liv passa une partie du cours à jouer avec ses dix pendules pour mettre le sort à l'épreuve. Elle y décela une faiblesse dans la dernière pendule qui était, à la longue, moins réactive aux changements imposés. Elle brisa le sortilège de Proétiforme pour tenter de créer un plus puissant et passa quinze minutes supplémentaire à marmonner son incantation avant de parvenir au résultat qu'elle désirait. Liv était bien décidée à mettre les montres à l'épreuve après le cours. La sonnerie retentit et Liv fit un signe de la main à Sacha lorsqu'il quitta la salle.

La tirade de Sharms n'eut rien d'agréable, même si Liv reconnaissait qu'une partie était méritée et que l'autre n'était que pure spéculation. Liv essaya de rester la plus courtoise possible, même si son visage ne portait aucune marque de bonne humeur, ce que ses yeux plantaient dans ceux de son professeur devaient confirmer eux aussi :
« Je n'ai pas contesté votre autorité, monsieur, et je suis au regret de vous dire que vous vous méprenez quand à ce que je comptais faire de ma soirée, c'est une simple blague entre Sacha et moi, même si c'était malvenu. Je m'excuse donc de ma conduite pendant votre cours, je ferai preuve du plus grand sérieux désormais » dit-elle d'un ton calme, malgré la colère qui ressortait dans sa voix « Et vous constaterez bientôt par vous-même que j'ai mérité l'Optimal que j'ai obtenu à mon ASPIC de Sortilèges, entre autre, et que je ne ménage pas mes efforts face au travail. »
Se faire remonter les bretelles parce qu'elle discutait été une chose, mais se faire accuser de manquer de sérieux, s'en était une autre. Liv n'avait jamais été douée malgré des facilités dans certaines matières, mais son niveau n'était dû qu'à ses efforts, et même si elle détestait devoir faire ses preuves, c'était ce qu'elle allait faire pour prouver à ce prof qu'il se faisait une fausse idée sur elle. Elle fit volte-face et s'apprêta à sortir de la salle.
« A ce soir, donc. »

Elle s'empêcha de claquer la porte, et parvint même à la fermer avec douceur, mais c'était tout juste. Elle fulminait pratiquement. Pas pour la retenue – vu le nombre conséquent de punitions qu'elle avait reçu à Poudlard, et même un peu Hangleton, elle n'était plus à ça près – ni même pour la menace d'enlever des points à Gryffondor, elle en faisait plus gagner que perdre au final.
Liv fila directement à la bibliothèque et s'engouffra dans l'énorme rayon sur la métamorphose. La bibliothécaire la regarda et ouvrit immédiatement la bouche, mais avant qu'elle n'ait pu prononcer un mot, Liv répliqua :
« Vous! ne commencez pas! Si vous fichiez la paix aux élèves, vous auriez moins de problèmes! »
La plupart des élèves qu'elle connaissait s'étaient déjà vengés de la vieille femme grâce à des blagues un peu douteuses de leur invention. Bouche bée, la bibliothécaire ne répliqua et partit bouder dans la Réserve. Liv prit deux gros volumes qu'elle avait déjà emprunté l'année dernière et dont elle n'avait pas réussi à maitriser tous les sorts. Elle partit d'un pas rapide vers le parc mais fit tout de même un arrêt dans les cuisines – il fallait gratter derrière les oreilles du chien qui se trouvait sur le tableau du sous-sol sous la Grande Salle – et prit de quoi dîner, car elle doutait que Sharms lui laissa paisiblement le temps de manger.

Liv s'arrêta sur une partie du parc qui était dégagé et sortit de son sac les dix petites montres. Une par une, la jeune fille leur firent traverser le parc dans différentes directions grâce à un sort d'expulsion et garda la dixième qu'elle passa autout de son cou. Avant d'entreprendre la suite de son expérience, Liv voulait vérifier de quelle façon son sort se comporter lorsque les éléments corrélés étaient séparés durant un certain temps. La jeune femme s'assit dans l'heure et passa la demi-heure suivante à étudier le sort complexe qu'elle avait sous les yeux en dînant. Et passa celle qui suivit à s'entraîner à la métamorphose d'un arbre mais celui-ci n'était pas très coopératif et refusait catégoriquement de se laisser faire pousser les jambes. Le calme du parc aida Liv à se calmer elle aussi et elle redonna son apparence originel à l'arbre qu'elle avait tenté d'ensorceler, d'autant plus que la voix aiguë qui s'échappait de la petite bouche qui lui était apparu était fort désagréable à écouter. Liv s'allongea finalement dans l'herbe et n'attendit que quelques secondes avant qu'un petit hibou ne se posa à côté d'elle. Elle prit le message qu'il portait et y lut : « Votre retenue se déroulera à 20h, dans mon bureau » signé par Sharms. Liv prit une plume dans son sac et écrivit sur le verso : « Sacha, ici présent mon exploit de la journée. Je te vois demain, Liv » puis accrocha de nouveau le bout de papier à la patte de l'oiseau qui s'envola immédiatement en direction de la tour Gryffondor.

La petite pendule que la jeune Elder portait autour du cou indiqué 19h passé. A l'aide de petit coup de baguette, Liv jeta tous les sorts qui lui passaient par la tête à la petite pendule. Puis au bout d'un moment :
« Accio, montres! » dit-elle en levant sa baguette magique au-dessus de sa tête.
Les petits objets ne mirent pas longtemps à arriver et virent se poser sur ses genoux. Elle examina attentivement chacune d'entre elles, mais ne décela aucun problème cette fois-ci, mais elle savait qu'elle ne serait pas satisfaite tant qu'elle n'aura pas réussi à prouver que son sort tiendrait en toutes circonstances. Elle était parfois un peu pointilleuse sur les détails, effectivement. Elle eut tout juste le temps de faire un saut dans sa Maison pour poser ses affaires puis redescendit à l'étage où se trouvaient les bureaux des professeurs de Sortilèges et toqua à la porte de celui-ci du professeur Sharms.

La jeune fille ne paraissait pas particulièrement enchantée par ce que le professeur avait à lui dire. Effectivement, ça n'avait rien d'agréable, mais Seth n'était pas du genre à faire dans la dentelle, et sûrement pas quand il avait la nette impression que son message ne passait pas, quitte à en rajouter un peu. Elle affichait un air revêche, même si elle semblait s'appliquer à ne pas être désagréable envers lui.
Elle répliqua, la colère dans la voix, disant qu'elle ne contestait pas son autorité et que ce qu'elle comptait faire de sa soirée n'était pas ce qu'il croyait, mais simplement une blague entre le jeune garçon et elle. Il se dit qu'elle ne devrait pas jouer avec ses sentiments ainsi, mais cette partie-là ne le regardait pas vraiment et il ne releva pas. Cependant, le reste de sa petite tirade défensive ne lui plaisait pas. Elle lui jura qu'elle ferait preuve de sérieux désormais, mais qu'il verrait qu'elle avait mérité son Optimal en Sortilèges à sa sortie de Poudlard, et sans doute l'année précédente, ce dont il ne doutait pas bien qu'il lui ait le contraire. Elle fit alors volte-face et s'apprêta à quitter la salle de classe en soulignant qu'elle serait bien présente le soir-même. Seth l'arrêta avant qu'elle ne parte.

« Continuer à bavarder pendant mes cours alors que je vous ai expressément demandé qu'il n'en soit plus cas, c'est ce que j'appelle contester mon autorité, Mademoiselle. Mais j'espère que vous vous donnerez raison au cours des prochaines séances. A ce soir. »

Il n'en dit pas plus et lui fit comprendre qu'elle pouvait partir. Une fois seul, il rangea ses affaires. Il n'avait plus de cours pour le reste de la journée, et avait quelques heures avant la retenue de la jeune fille. De toute façon, il avait du travail. Il se rendit dans son bureau quelques minutes après avoir quitté la salle, s'installa, et décida de ce qu'il allait donner comme travail à Liv. Copier des lignes était digne des élèves de Poudlard, Seth songea qu'ils avaient passé l'âge de ce genre de punition, même si parfois ils le mériteraient bien. Mais il préférait lui trouver quelque chose d'autre. Il se trouve qu'il avait tout un tas de dossiers à classer, les dossiers des élèves qui dataient de plus de cinq ans, et dont il n'avait plus aujourd'hui l'utilité. Il gardait ces fameux dossiers durant quelques années après la sortie des élèves, au cas où une question lui serait posée à leur sujet, mais après 5 ans, il estimait qu'ils n'en auraient plus besoin. Généralement, après ce laps de temps, les élèves sortis de Hangleton avaient tous trouvé un travail et étaient confortablement installés, n'ayant plus aucun besoin de se rappeler s'ils avaient été bons, excellents ou carrément médiocres à une épreuve en particulier. Voilà donc qui ferait l'affaire pour mademoiselle Elder ce soir.

Il s'installa donc plus confortablement, et se mit à préparer ses prochains cours pour la semaine à venir. Il établit tout un plan pour chaque année qu'il suivait, selon leur âge, leur orientation aussi. Les élèves qui voulaient devenir Auror n'avaient pas besoin de connaitre de manière pointue les mêmes choses que ceux qui voulaient devenir Oubliator, par exemple.
Il s'affaira donc pendant deux bonnes heures, préparant des exercices, des lectures, des petits tests et même des jeux, qu'il considérait comme beaucoup plus instructifs que certains bouquins.
Au bout de deux heures, il s'étira, rangea ses cours ainsi préparés, et se leva pour se rendre dans la grande salle, afin d'y prendre son dîner. Il vit se faufiler au loin, en arrivant près de l'entrée, la jeune fille qu'il devait revoir ce soir. Elle allait vers le parc, des livres et des victuailles sous le bras. Elle attisa sa curiosité, mais il ne pouvait pas la suivre comme ça, aussi laissa-t-il tomber et alla s'installer à la table des professeurs.
Il mangea avec appétit, et une fois qu'il eut terminé, il se rendit dans la tour qui abritait les hiboux. Il en choisit un, lui remit un petit mot pour son élève, et retourna dans son bureau. Vers 20h, il entendit qu'on frappait à sa porte et somma la personne d'entrer. La jeune fille entra dans son bureau.

« Ah, Mademoiselle Elder ! Installez-vous » lui dit-il en lui désignant une petite table dans un coin de la pièce. Sur la table, des piles de dossiers étaient mises un peu à la va-vite, signe qu'elles avaient grand besoin d'être rangées. « Ces dossiers vont pouvoir être archivés, je voudrais que vous les rangiez par ordre alphabétique selon les années. Je vous aurais bien donné quelque chose de plus passionnant et surtout de plus utile à votre formation, mais vous m'avez pris au dépourvu, je n'avais pas prévu de donner une retenue dès le premier jour ! » lança-t-il exprès.

Sans un regard, il se remit à son bureau, et à son travail. Il n'avait pas encore terminé la préparation de tous ses cours. Et il avait également décidé d'organiser une petite excursion à Great Hangleton dans le courant du mois pour que les élèves puissant s'exercer dans la vie courante à certains sortilèges, ce qu'il devait également préparer.
Durant l'heure qui suivit, il ne dit pas un mot. Au bout d'une heure, il jeta un coup d'œil à l'élève, mais n'en dit pas plus. Ce n'est qu'au bout de deux heures qu'il prit enfin la parole. Il constata qu'elle n'avait pas terminé, et sans qu'il ne puisse se l'expliquer, en éprouva une certaine satisfaction...

« Je crois que ce sera suffisant pour aujourd'hui. Mais comme vous n'avez pas terminé, vous reviendrez la semaine prochaine à la même heure, le même jour. Et soyez gentille de tenir votre parole durant la semaine, ou la retenue pourrait bien être encore prolongée. J'espère que tout ceci vous aidera à être aussi sérieuse que vous le prétendez. »

Il la congédia en la fixant, et se retrouva seul. Durant toute la semaine, il ressentit une certaine impatience qu'il ne comprit pas. Il donna ses cours normalement et la Miss Elder se tint à carreaux. Quand vint le jour de la seconde partie de la retenue, il comprit alors qu'il avait été impatient qu'elle revienne dans son bureau. Il se surprit à ressentir une telle chose, mais ne s'en formalisa pas outre mesure. Il est vrai qu'elle n'était pas désagréable à regarder, et il pensa que c'était simplement le fait d'avoir une jolie fille à observer pour lui tout seul qui l'avait travaillé pendant la semaine. Pourtant, c'était une chose qui ne lui était jamais arrivé auparavant, tout du moins jamais avec une élève. C'est donc finalement avec une certaine appréhension de la revoir qu'il vit arriver le soir. Bien sûr, il n'en montrait rien, n'en laissait rien transparaître, mais il n'aimait pas beaucoup ressentir des choses qu'il ne comprenait pas. Décidé à se ressaisir, il se mit en condition pour être plus désagréable que jamais...

Lorsque la jeune femme se présenta au bureau de Seth Sharms, elle découvrit sans plus attendre en quoi consisterait sa retenue. Liv jeta un coup d'œil aux quelques dossiers qu'elle avait à portée de main. Elle y reconnut quelques noms, dont celui d'une Gryffondor qui avait quatre ans de plus qu'elle et avec qui elle ne s'était jamais entendue à l'époque, malgré qu'elles fussent dans la même maison. Liv eut un petit rire en repensant à la manière dont elle s'étaient quittées toutes les deux... Il y avait une quantité plus que conséquente de dossiers à trier. La jeune femme fit un moue devant la quantité qui se dressait devant elle.
« Bon... » dit-elle en se grattant l'oreille.
Les deux heures suivantes furent consacrées à la laborieuse tâche de trier tous les dossiers par année et Liv n'eut le temps de classer par ordre alphabétique que deux années uniquement avant que Sharms ne l'interrompît. Et Liv écopa d'une nouvelle retenue la semaine suivante. Elle trouvait cela particulièrement exagérée pour quelques bavardages, mais elle ne s'attendait pas à autre chose d'un ancien Serpentard – les préjugés avaient la vie dure. Elle tira sur la chaînette qu'elle portait toujours autour du cou et dégagea du col de sa robe la petite montre qu'elle avait récupérer plus tôt dans la journée et regarda l'heure. Il n'était que 22 heures et Liv espérait avoir le temps de jeter un coup d'œil à ses manuels de potions, matière qu'elle devait avoir à la première heure le lendemain. Liv ne traîna pas une fois qu'elle fut libérée et rejoignit la salle commune de Gryffondor. Elle l'avait observé à la dérobée ce soir, et il fallait bien avouer que Sharms était pour le moins charmant. Liv aurait même pu craquer pour lui, d'une, si il n'avait pas eu un caractère digne du professeur Rogue qu'elle avait eu la joie de subir pendant sept ans, et de deux, si il n'avait pas été professeur. Alors que ses pensées dérivaient petit à petit, elle s'interdit de penser à Sharms en d'autres termes que celui de professeur – même si c'était très tentant – il n'y avait, de toute façon, rien à espérer avec lui. Elle voulut ensuite rejoindre son dortoir mais elle se laissa convaincre par des amis de rester un peu avec eux dans la salle commune. Après une heure de bavardages animés et de rires, Liv rejoignit sa chambre.

Le week-end arriva rapidement et la jeune femme n'en était pas mécontente. Après le déjeuner du samedi, la jeune Elder rejoignit son dortoir et enleva sa robe qu'elle mit dans un grand sac à main, révélant une tenue de moldue des plus normale. Puis Liv prit la direction de Great Hangleton et rentra dans le vieux pub dont elle utilisa la cheminée pour rejoindre le Chaudron Baveur, d'où elle put rejoindre le centre ville de Londres, côté moldu. La jeune femme acheta quelques robes de soirées, qui étaient parfois nécessaires quand l'université organisait des bals et autres soirées, puis elle retourna au bar, d'où elle put enfin mettre les pieds sur le Chemin de Traverse. Liv prit le temps de s'arrêter chez Gringotts, puis fit un tour au Royaume du Hiboux et chez Fleury et Bott avant d'aller acheter quelques nouvelles robes de sorcière, et passa finalement dans une dernière boutique où elle acheta de quoi entretenir sa baguette. Elle reprit la Poudre de Cheminette jusqu'à Great Hangleton et remonta le chemin qui montait au château. Les bras chargés, elle arriva finalement devant le tableau qui masquait l'entrée de la tour de Gryffondor. Sacha l'apostropha alors qu'elle prenait la direction de son dortoir, sourir moqueur sur les lèvres :
« C'est toujours bon pour ce soir? Tu n'as encore un imprévu? »
« Ah, très drôle! Oui, c'est bon. On se retrouve ici pour y aller? »
« Non, je descends maintenant, j'ai quelques trucs à faire en ville. »
« Je te retrouve là-bas alors. A plus tard! » répondit Liv avant de se diriger vers sa chambre.
Elle laissa tomber ses livres sur son lit et prononça l'incantation d'un sort de rangement. Les différents ouvrages allèrent rejoindre une étagère déjà bien fournie et Liv fit subir le même sort aux vêtements récemment acquis qui se rangèrent seuls dans son armoire.

Une fois sa cape passée sur ses épaules, Liv rejoignit le bar dans lequel elle avait rendez-vous avec Sacha. Ils commandèrent tous deux un Whisky Pur Feu et entamèrent une longue discussion :
« Je n'arrive pas à croire que tu aies déjà récupéré une heure de colle... Enfin, ce n'est pas comme si on ne l'avait jamais fait avant hein! » dit Sacha, ce qui fit rire Liv.
« En effet... Bon, l'avantage, c'est que ce n'est pas trop un sale boulot en lui-même heureusement. Je m'attendais à pire venant de ce prof... »
« Je vois ce que tu veux dire. Il ne fait de cadeau à personne d'après ce que j'ai vu. Ces compliments et sa sensibilité aux bonnes réponses sont aussi élevés qu'était celle de notre bon Rogue... »
« Oh! t'exagères! Il donne des points aux autres maisons lui au moins. Des fois... »
« Bon ok, je te l'accorde » admit Sacha en rigolant « Enfin, c'est dommage, on s'amusait bien en Sortilèges avant, et on travaillait pas moins bien pour autant. » conclut-il, en songeant sans doute à ses années à Poudlard.
Puis leur conversation dévia. Liv fit un signe de la main au barman, montra le chiffre deux avec ses doigts, et articula silencieusement « biéraubeurre ». Elle lui tendit quelques Mornilles lorsque celui-ci vint les servir. Puis elle reprit, amusée :
« Attends un peu... Tu t'es déjà trouvé un rendez-vous? En une semaine... je parie que c'est une première année pour s'être laissée avoir! Le jour où tu trouves une relation sérieuse, je t'offre un balais chéri... »
Ils firent tous les deux part de leur inquiétude quant à la disparition du directeur, mais ils leur auraient été bien impossible de trouver une explication plausible.

La semaine reprit, et Liv ne manqua pas à sa parole ; elle fut des plus sérieuses pendant les cours de Sortilèges et elle se retrouva bientôt, le mercredi soir devant le bureau de Sharms. Alors qu'elle allait frapper à la porte, des petits bruits secs attirèrent son attention. Elle se retourna et vit un hibou de taille moyenne, aux plumes couleur chocolat tacheté de blanc donner des coups de bec sur la fenêtre. Liv ouvrit cette dernière et l'animal entra dans le couloir. Elle tendit la main pour prendre la lettre qui était tranquillement attachée à sa patte, mais le hibou fit un bond en arrière avec un hululement ravi.
« Crapule! Crapule, viens ici! Je vais être en retard... Très bien! puisque c'est comme ça, tu n'auras pas de biscuit! Non, tu peux te la garder ta lettre! Attends moi au dortoir, sinon gare à tes plumes. »
Crapule était, comme son nom le laissait deviner, un hibou assez taquin et un tantinet désobéissant, ce qui était aussi la raison pour laquelle elle l'avait choisi. Liv lui portait une grande affection, d'autant qu'il était encore un bébé à ses yeux même si elle l'avait acquis durant sa première année à Hangleton. Liv se précipita, ouvrit une fenêtre la plus proche et laissa le petit hibou sortir, non sans l'avoir couvé d'un regard amoureux avant de retourner vers la porte du bureau de Sharms.
« Bonsoir, professeur! » dit-elle, encore amusée, en rentrant dans le bureau.

Liv reprit son travail là où elle l'avait laissé la semaine précédente. Elle ne put dire combien de fois elle répéta ce scénario : trier tous les dossiers par la première lettre du nom de famille de chaque année, classer par ordre alphabétique chaque tas... et ainsi de suite. Liv finit assise par terre, entourée de nombreux tas, et jetait un coup d'œil dans certains dossiers par curiosité, qui correspondaient principalement à des gens qu'elle avait apprécié. Elle ne regardait pas les notes, un détail dont elle se fichait, mais la formation qu'ils avaient suivi. Il était difficile de rester en contact avec toutes les personnes qu'on avait connu, et c'était déjà une bon moyen de savoir ce qu'ils étaient devenus. La jeune femme finit par avoir dans les mains le dossier d'un Poufsouffle qu'elle détestait particulièrement, et elle ne put retenir un petit sifflement irrité. Il avait été en même année qu'elle et il avait essayé une fois de la tripoter dans les gradins, pendant un match de Quidditch. Autant dire qu'il ne l'avait pas fait deux fois... Elle ressassa ses vieux souvenirs avec plaisir et finit par jeter un regard discret à Sharms qui ne paraissait pas lui accordait le moindre intérêt. Elle aurait bien aimé discuter avec, mais il semblait que c'était une activité prohibée en sa présence, aussi préféra-t-elle ne rien dire. Elle ne put s'empêcher de répéter son geste, une deuxième fois, puis une troisième fois... Se rendant compte qu'elle l'avait fixé au moins trois secondes de trop, Liv baissa de nouveau la tête, avec un petit toussotement, comme une façon de se rappeler à l'ordre.

La première retenue s'était déroulée sans encombre. La jeune fille avait fait ce qu'elle avait à faire en silence. Il l'avait regardée plusieurs fois, et avait remarqué qu'elle s'amusait parfois à lire certains dossiers, mais il n'avait pas relevé. Après tout, cela faisait partie de la punition, et puis c'était prétexte à la faire revenir, ce qui satisfaisait pleinement son envie de l'ennuyer, comme avec tous les élèves.
Durant la semaine, elle s'était même montrée exemplaire, comme elle le lui avait promis, et il ne dut lui faire aucune remarque, ce qui lui plut autant que cela lui déplut : il devait bien admettre qu'il aimait ça, reprendre les élèves sèchement dès qu'ils manquaient ne serait-ce qu'une plume au règlement. C'était son petit plaisir personnel, sa petite revanche sur la vie. Il avait désormais le pouvoir, et il aimait beaucoup cela ! Sur les jolies jeunes filles comme elle, encore plus.

Quoi qu'il en soit, le soir de la deuxième retenue arrivé, il appréhendait, non parce qu'elle lui faisait peur ou quoi que ce soit, mais parce qu'il ignorait pourquoi il avait été si impatient de la revoir. C'était absurde, vraiment. Certes, elle était mignonne. Mais elle était aussi plus jeune que lui, et surtout l'une de ses élèves. Depuis quand se mettait-il à regarder les élèves ? Ce n'était pas son genre, et il n'était pas décidé à entrer sur ce sentier dangereux. Déterminé plus que jamais, il pensait être prêt lorsqu'on frappa à la porte. Il était bien décidé à être plus dur qu'elle ne le méritait et à garder ses distances.
Mais lorsqu'il la fit entrer et qu'elle le salua, un sourire jusqu'aux oreilles ou presque, toutes ses déterminations s'envolèrent comme la neige fond au soleil. Renfrogné, il l'avait alors envoyée à son travail sans un mot, sans un regard. Il ne lui avait même pas renvoyé son bonsoir.

Il avait toujours été un professeur à la renommée dure. Tout le monde savait que le professeur Sharms n'était pas spécialement des plus charmants, contrairement à ce que son nom pouvait dire. Il était extrêmement exigeant envers ses élèves et avait tendance à user de la technique consistant à les rabaisser pour les faire s'élever. Il récompensait toujours ceux qui le méritaient, contrairement à d'autres professeurs à la réputation plus délicate encore, mais il ne laissait absolument rien passer. Il était parfois redouté des élèves, même si à leur âge, beaucoup prenaient cela avec philosophie en l'acceptant tel qu'il était. Ce qui l'énervait, d'ailleurs. Il aurait préféré être un peu plus craint. Mais ce n'était plus tellement le cas. En tout cas, quand il voyait une élève comme cette Gryffondor de Liv Elder, il se disait parfois qu'il devrait peut-être changer de métier !

Aussi bien le professeur que la jeune fille se placèrent à leur place et se mirent au travail. Seth avait des copies à corriger, et il se mit directement dans ses parchemins, sans prêter attention à la blonde. Elle s'était elle aussi attelée à sa tâche et se retrouva bientôt forcée de se mettre par terre pour avoir la place de s'étaler pour pouvoir mener à bien le travail qu'il lui avait confié. Une bonne heure et demi s'écoula dans le silence le plus total, seulement perturbé par les feuilles que l'on bougeait ou les dossiers que l'on empilait. Malgré une envie récurrente, Seth n'avait pas levé une seule fois les yeux vers elle, et à en entendre le bruit des dossiers, elle en avait fait de même. La nuit était tombée et le château était calme, seulement perturbé par quelques bruits de groupes de jeunes s'apprêtant à sortir et riant aux éclats dans les couloirs. Au bout d'un moment, cependant, le professeur n'entendit plus les bruits caractéristiques que la jeune Elder avait faits jusque maintenant. Il se risqua à lancer une œillade discrète, et vit qu'elle baissait la tête juste à ce moment-là. Leurs regards ne se croisèrent donc pas et elle ne vit pas qu'il l'avait regardée, alors qu'il avait largement constaté que c'était son cas à elle. Chassant les idées qui avaient tôt fait de venir le perturber, il se replongea dans ses copies en silence.

Au bout de deux heures, cependant, il en avait assez, et songea que ce devait être son cas également. Il s'étira de tout son long sur sa chaise en poussant un soupir et jeta un œil vers son élève.

« Vous pouvez arrêtez, Miss Elder. Je crois que ça suffira pour aujourd'hui. Étant donné votre conduite exemplaire en classe cette semaine, nous en resterons là. »

On aurait presque entendu le regret dans sa voix. Une image lui vint à l'esprit avant même qu'il n'ait pu la chasser. Une image qui le représentait l'embrassant avec une passion dévorante. Mettant cela sur le compte de la fatigue, il n'y prêta pas plus attention que cela.
Il aurait pu la remercier, lui dire qu'il était content qu'elle ait enfin écouté et qu'elle ait enfin cessé de discuter à son cours, mais il n'en fit rien. Il n'aurait pas été le professeur Sharms s'il en avait été autrement. Toutefois, il n'avait pas envie de la laisser partir tout de suite... Il se redressa et prit sa baguette qui était posée sur son bureau. D'un petit geste, il fit venir plusieurs pièces de monnaie qu'il plaça devant lui et fit signe à Liv de venir à ses côtés.

« Voyons voir ce qu'il en est de ce sortilège de protéiforme, voulez-vous ? Il n'y a que trois pièces, cela ne devrait pas prendre trop de temps ni être trop compliqué... »

Il l'invita à lancer le sortilège et l'observa du coin de l'œil, tout en vérifiant ce qu'elle faisait. Après qu'elle eut terminé, et réussi son sortilège, il fit un petit sourire en coin.

« Parfait ! Je vois que cette petite séance de retenue vous a servi en tous points, Mademoiselle ! Vous pouvez partir ! »

Il n'ajouta rien, ne lui souhaitant pas une bonne soirée, préférant se taire plutôt que de s'enfoncer. Il venait déjà de lui faire un compliment caché, il ne fallait pas non plus lui en demander trop.
Un silence s'était installé pendant une fraction de seconde, et l'on entendit dans les couloirs plusieurs élèves passer, des filles riaient et des garçons les charriaient pour leur plus grand bonheur. Seth avait baissé les yeux sur les trois pièces placées sur son bureau, et quand Liv fit un geste vers la sortie, il lui saisit le bras. Quand elle leva les yeux vers lui d'un air interrogateur, il plongea ses yeux bleus dans les siens, et l'instant d'après, il la ramenait à lui d'un geste brusque, avant de poser ses lèvres sur les siennes de manière impériale.
La passion le saisit tout entier, comme dans l'image qui l'avait frappé quelques instants plus tôt, et il l'embrassa avec fougue pendant quelques secondes, avant de réaliser ce qu'il était en train de faire. Il la rejeta alors tout aussi brusquement qu'il l'avait amenée à lui. Sa main tenait toujours son bras, cependant.

« Je suis désolé ! » s'exclama-t-il dans un souffle, la fixant de ses yeux pourtant assurés du contraire. « Vous devriez retourner dans votre dortoir, maintenant ! » termina-t-il. Il gardait toujours son bras, mais finit par le lâcher au bout de quelques secondes. Il se détourna, lui tournant le dos en faisant mine de ranger quelque chose.

Son entrée fut accompagnée d'une salutation enthousiaste que son professeur ne prit même pas la peine de lui rendre. Le sourire de Liv disparut quelques instants plus tard devant l'évidente froideur qu'elle semblait inspirer à son enseignant. Elle ne rajouta pas un mot et s'en retourna à ses dossiers une fois que Sharms lui eût demandé. Le temps passa et Liv se demandait entre deux dossiers ce qu'elle avait bien pu lui faire pour qu'il soit à ce point désagréable avec elle. Certes, elle était régulièrement une élève indisciplinée, mais à ce point... Plusieurs heures s'écoulèrent dans un silence seulement perturbé par le bruit du parchemin froissé et d'une plume en train d'écrire. Lorsque le professeur Sharms lui dit qu'elle pouvait s'arrêter, Liv ne put réprimer une protestation, étonnée de ne pas subir sa tâche jusqu'au bout :
« Mais je n'ai encore... »
Elle porta une main devant sa bouche, comme pour ravaler ce qu'elle venait de dire. Elle détestait singulièrement ne pas finir ce qu'elle avait commencé, mais ce n'était pas une raison pour récupérer une retenue en plus. Elle se contenta de se relever en massant ses reins et de donner un coup de baguette pour que les dossiers s'empilassent en ordre dans un coin de la salle. Liv s'attendait à être congédiée de la même manière fort désagréable avec laquelle elle avait été accueillie mais au lieu de cela, Sharms lui demanda de jeter un sortilège de protéiforme sur trois pièces de monnaie. Un peu déconcertée, Liv fit un mouvement du poignet accompagnée d'une formule informulée et réussit son sortilège sans problème.

Son professeur eut un semblant d'enthousiasme et Liv parut même desceller un compliment fort bien déguisé dans la remarque de Sharms. Mais puisqu'il venait de la libérer, elle ne comptait pas traîner ici plus que nécessaire et dit simplement :
« Très bien. Bonne nuit, professeur » dit-elle en esquissant un mouvement en direction de la porte.
Jamais elle ne se serait attendue à cela mais, d'un geste vif, Sharms attrapa son bras. Elle n'eut que le temps de tourner vers lui un regard interrogateur aux sourcils froncés avant que celui-ci ne l'attirât vers lui d'un mouvement brusque. Elle eut à peine le temps de réaliser que leurs deux corps étaient collés l'un à l'autre avant que Seth ne posa ses lèvres sur les siennes. Liv n'eut pas le temps non plus de se rendre compte qu'elle répondait avec la même ardeur à ce baiser que Sharms lui-même qui la rejeta quelques secondes plus tard seulement. Seule sa prise solide sur le bras de la jeune femme l'empêcha de trébucher. Incrédule, la respiration chaotique, elle plongea ses yeux verts dans les siens. Sa main sur son bras la brûlait presque, mais en réalité c'était son corps tout entier qui était en feu ; il avait éveillé chez elle quelque chose dont elle ne connaissait pas encore l'existence. Il s'excusa, et lui conseilla de retourner dans son dortoir au plus vite, mais Liv ne réagit pas, son corps ne voulait pas comprendre ce qu'il venait de lui dire. Sa main lâcha son bras quelques instants plus tard et il se détourna, s'intéressant désormais à quelque chose qui se trouvait sur son bureau.

Liv, toujours interdite, regarda Seth faire pendant quelques secondes. Se fichait-il d'elle? Comptait-il vraiment l'ignorer après ce qu'il venait de se passer? Ce fut au tour de Liv de saisir le bras de Seth pour qu'il se tournât vers elle et ne sentit aucune résistance de sa part. La jeune femme planta son regard dans le sien qu'elle soutînt quelques secondes encore, puis fit les deux pas qui les séparaient et attrapa la nuque de Seth avant de plaquer à nouveau ses lèvres sur les siennes. Elle sentit son cœur s'emballait dans sa poitrine, le corps de Seth palpitant contre le sien alors qu'ils s'embrassaient à perdre haleine. Ils restèrent ainsi plusieurs minutes, prenant à peine le temps de reprendre leur souffle. Liv laissa tomber sa robe de ses épaules et saisit les pans de celle de Sharms, l'attira vers elle un peu plus encore avant de le débarrasser à son tour de sa robe. Elle ne se souvenait pas exactement de quelle façon elle s'était retrouvée collée au mur, pressée contre le torse de Seth qui était à présent nu, ni même à quel moment la chemise qu'elle portait avait rejoint sa robe, sur le sol. Liv avait une conscience plutôt vague de ce qu'elle était en train de faire, et des détails du genre « c'est une élève et lui un professeur » ou bien « n'importe qui pourrait les surprendre » étaient désormais fichés aux adonnés absents dans sa tête. Et même si elle ne se souvenait pas vraiment de quelle façon elle en était arrivée là, Liv profitait de chaque seconde qui passait sans se soucier du reste. Ses mains parcourait la peau nue qui était à leur portée, ses lèvres goûtaient avec passion chaque partie du visage de l'homme qui la tenait dans ses bras, sa langue découvrait le piquant de sa barbe de trois jours et le goût enivrant de leur respiration qui ne faisait plus qu'une...
A ce moment là, Liv était bien incapable d'avoir une pensée cohérente ou qui demandait autre chose que d'écouter son instinct le plus primaire. Sous les mains de Seth, elle ne put retenir un long soupir et qui, au lieu de la calmer, ne fit que l'enflammer d'avantage. Il y avait bien, un coin de sa tête, une petite voix qui protestait contre ce qu'elle était en train de faire mais elle n'était pas encore décidée à l'écouter pour l'instant.

Elle avait voulu protester lorsqu'il lui avait dit qu'elle pouvait arrêter. Mais peu importait. Elle n'avait pas vraiment réagit lorsqu'il lui avait demandé de faire un sortilège de protéiforme, mais peu importait. Elle n'avait pas insisté lorsqu'il l'avait congédiée, prête à partir sans demander son reste. Mais peu importait.
Tout ce qui importait, c'était ce baiser qu'il lui avait volé. Un baiser auquel elle avait répondu avec autant de folie et d'ardeur qu'il lui en avait donné. Pourtant, il l'avait achevé avec précipitation, essayant de reprendre ses esprits, essayant de se raisonner comme il n'avait pas pu le faire l'instant d'avant. C'était une élève ! Son élève ! Pourtant... ces pensées ne firent que traverser son esprit. Il essaya bien de se détourner, mais ses yeux verts l'avaient fixé comme deux aimants. Il s'était détourné... il avait repris le dessus. Tout en lui le poussait à se retourner et à l'embrasser à nouveau, même bien plus encore. Cette folie qu'il espérait passagère le consumait entièrement. Il en tremblerait presque de résister. C'était un supplice. Mais que diable se passait-il en cet instant ? Pourquoi était-il ainsi attiré par la jeune fille ? Il avait dû la traumatiser. Elle serait insupportable, désormais. Elle en jouerait. Elle pourrait même en faire du chantage ? Mais qu'est-ce qu'il lui avait pris bon sang ?! Et pourquoi n'avait-il en tête que de la plaquer au mur et de la déshabiller pour la dévorer toute entière ? Il se sentait... déplacé, hors limite... presque pervers. Pourtant, cette envie était saisissante de force et de volonté. Il n'osait même pas la regarder, de peur de croiser son regard inquiet, bouleversé, mais plus encore par crainte de ne pas pouvoir résister à l'attirance qu'exerçait sur lui son physique presque enfantin mais diablement féminin et sexy.

*Ressaisis-toi mon vieux ? T'es devenu dingue ou quoi ???* pensa-t-il, troublé par tout ce qui se passait dans sa tête.

Il n'eut pas le temps d'en penser davantage. Une petite main douce venait de se poser sur son bras, l'obligeant à son tour à la regarder. Un regard qu'il ne soutint que contraint et forcé... Il ne s'attendait pas à une telle réaction de sa part. Elle franchit la distance qui les séparait, celle-là même qu'il avait tant de mal à conserver lui aussi, elle avait franchi la barrière qu'il tentait péniblement de s'imposer ce soir. Son autre main, aussi douce et sensible que la première vint toucher sa nuque et ce seul contact le fit frissonner, le laissant totalement incapable de résister plus longtemps. Il n'eut pas à le faire. Elle vint reposer ses lèvres sur les siennes, elle engagea le baiser elle-même, cette fois, et toute la volonté du jeune homme s'envola en fumée.
Ils s'embrassèrent sauvagement, prenant à peine le temps de respirer, imaginant sans doute qu'il était inconcevable que leurs lèvres se séparent ne serait-ce que d'un millimètre. Leurs bouches, leurs lèvres, leurs langues s'entremêlèrent avec passion, et tandis qu'elle ôtait sa propre robe de sorcière et lui enlevait la sienne, démontrant qu'elle était prête à aller plus loin, il la poussa peu à peu vers le mur, l'y collant finalement pour pouvoir se coller bien plus à elle encore. Elle devait sentir son désir, il ne la quittait plus d'une parcelle de corps. A moitié nu, elle tout autant, il laissa libre cours à ses mains, ne lui laissa aucun répit de sa bouche, la laissant vaguement respirer ou bouger. Il la voulait, il voulait la posséder toute entière. La petite blonde qu'il avait imaginée sage et douce se montrait sauvage et affamée. Elle découvrait chaque parcelle de son corps tout comme il faisait de même, mais à son grand étonnement, il ne menait pas plus la danse qu'elle car elle était en appétit autant que lui. Sans plus se poser de questions, il lui ôta les dernières barrières qui empêchaient ses caresses de se construire à leur volonté. Un long soupir s'envola dans la pièce, mettant Seth dans tous ses états, du moins plus qu'il ne l'était déjà pour autant que cela fusse possible.

La poussant davantage contre le mur, il se pressa contre son corps, avant de la soulever pour mettre ses jambes autour de sa taille. L'embrassant avec une fougue démesurée, il finit par l'amener vers son bureau et, repoussant tout ce qui s'y trouvait, l'y coucha doucement, avant de se pencher sur elle. Il ne croisa pas son regard, ne voyant que tous les endroits qu'il pouvait explorer, et il l'aima brutalement, mais avec passion.
Leurs corps ne firent plus qu'un, il la posséda comme il voulait le faire depuis qu'il l'avait touchée, il avait voulu se fondre en elle, et il fut à la hauteur de ses premières espérances, lui arrachant des soupirs et des gémissements qui auraient pu être entendus dans les couloirs. Mais à ce moment, rien de tout cela ne frôlait son esprit. Ces pensées étaient si loin derrière eux.
Il l'emmena par terre, près de la cheminée où un feu chaleureux crépitait encore, sur un tapis où il n'aurait jamais imaginé se trouver avec une élève. Sa passion démontrée et assouvie, il se pelotonna contre elle, la prenant dans ses bras. Il n'avait pas encore repris ses esprits, alors. Sa satisfaction prenait le dessus, et il alla même jusqu'à l'embrasser encore avec une douceur toute nouvelle, sa respiration encore haletante.
Incapable de dire un mot, il laissa le silence s'installer tandis qu'ils reprenaient leur souffle.

Alors, seulement, sa conscience refit surface, et un trou se forma dans son estomac, le creusant tandis qu'il réalisait ce qu'il venait de faire. Il ne pouvait se sentir honteux. Il avait déjà envie de le refaire, et le referait sans doute si la situation se présentait à nouveau. Mais diable, dans quelle problématique venait-il de se fourrer en si peu de temps ? Comment allait-elle réagir ? Voudrait-elle d'une relation avec lui, à présent ? Ou bien crierait-elle au scandale, au viol ? Il ne la connaissait même pas, ignorant même son âge exact, si elle avait des frères et sœurs, son caractère... il ne savait rien d'elle. Inquiet, il resta cependant silencieux, craignant qu'elle réalise à son tour ce qui venait de se passer un peu trop vite. Devait-il la garder dans ses bras ou s'en éloigner ? Devait-il la congédier, ou rester un moment avec elle ? Cette situation était inédite, pour lui, et il était totalement perdu, se demandant comment tout cela allait finir. Il se préparait même à perdre son poste, si elle venait à le dénoncer... il serait la honte de sa famille, plus personne ne lui ferait confiance.

Pourtant, au fond de lui... il savait qu'elle avait apprécié ce moment autant que lui. Et s'il devait le refaire... il le referait.

Il s'avéra très rapidement que cette passion aussi inattendue que déroutante était tout aussi forte chez Seth que chez Liv. Leurs deux corps collés l'un contre l'autre laissaient deviner sans équivoque qu'elle n'était pas à la seule à vouloir aller plus loin. Elle se sentait impatiente, terriblement impatiente. C'était pratiquement une torture de ne pas le posséder entièrement, ici et maintenant. Mais le reste de leurs vêtements finirent rapidement par rejoindre le sol et Seth ne tarda pas de saisir les jambes de la jeune femme pour les passer autour de sa propre taille. Liv se laissa faire, se contentant d'agripper d'une main une épaule musclée, et de l'autre une poignée de cheveux sur sa nuque. Le premier soupir qu'elle laissa échapper ne fit qu'attiser leur envie, empresser un peu plus cette nécessité sauvage qui était la leur. Avec une étonnante douceur, étant donné l'état dans lequel ils étaient tous les deux, Seth la coucha sur son bureau débarrassé de son superflu d'un mouvement de bras. Désormais allongée, Liv garda ses paupières closes. Elle voulait se concentrer toute entière sur son corps, pas sur ce que ses yeux voyaient. Elle voulait sentir chacune des caresses dont sa peau était parcourue, chacun des souffles de Seth qu'il laissait dans le creux de son cou, la chaleur brûlante qui émanait de la peau de l'homme qui la possédait. Il fut plus difficile qu'elle ne l'avait songé de retenir ce qu'elle avait envie d'exprimer durant les instants où ils s'aimèrent sauvagement. Entre ses mains, elle se sentit plus vivante que jamais, plus vraie qu'elle ne l'avait jamais été.

Après un dernier soupir partagé, Seth la souleva de nouveau et l'allongea sur le sol cette fois-ci, avant de la prendre dans ses bras. Elle s'y lova comme si ils avaient été fait pour elle et apprécia à sa juste valeur le baiser que Seth déposa sur ses lèvres, d'une étrange douceur. Liv réalisait doucement ce qu'il venait de se passer. Elle. Avec le professeur Sharms. Dans son bureau. Sur son bureau. Elle se sentit vaguement gênée mais en même temps, plutôt flattée, elle devait l'avouer. Certes, il devait avoir à peu près n'importe quelle femme à ses pieds mais elle l'imaginait plutôt dur genre difficile à séduire. Il y a encore peu de temps, elle n'aurait jamais pensé qu'une telle chose puisse se produire un jour, pas avec cet homme là, jamais. Peut-être avait-il simplement perdu la tête. L'incident de cette nuit allait considérablement compliquer les choses. Liv s'attendait presque à se faire jeter d'ici sans cérémonie, avec la froideur dont Seth l'avait habituée. Mais était-il ce genre d'homme finalement? Liv avait toujours eu un mauvais apriori sur les Serpentards – question d'éducation – et c'était vrai qu'elle ne s'attendait pas à grand chose de bien de leur part. La jeune femme tourna la tête vers lui. Elle ne put voir qu'un profil aux paupières fermées. Mais peut-être était-il grand temps de revoir ses préjugés... Et quand Liv réalisa enfin pleinement ce que tout cela impliquait, elle ne put réprimer un frisson. Que se passerait-il quand elle partirait d'ici? Si il regrettait ce qu'il venait de se passer, il lui mènerait la vie dure le reste de l'année et elle ne pourrait rien y redire. A qui pourrait-elle avouer ce qui venait de se passer de toute façon? Elle se savait incapable d'être malhonnête au point de dire qu'elle n'avait pas été consentante ; et puisqu'elle l'avait été tout autant que lui, ils seraient renvoyés tous les deux d'Hangleton. Et si... et si personne ne disait rien, que chacun faisait comme si il ne s'était rien passé? C'était sans doute le mieux, se taire et ne jamais recommencer. C'était déjà une chance qu'ils ne s'étaient pas fait surprendre. D'autant que la porte n'était sans doute même pas verrouillée...

Liv sortit de sa réflexion ô combien préoccupante et sut, en sentant la peau nue de Seth contre la sienne, que ce ne serait pas aussi facile que cela. L'envie de le dévorer faisait de nouveau son chemin en elle et elle se demanda si cela serait aussi sauvage et incontrôlable que la fois précédente... Liv se dégagea des bras de Seth et elle sentit son regard bleu se poser sur elle. Elle ne tourna pas la tête et ne put dire si ses yeux contenaient des questions, mais elle s'allongea en travers de son torse et réussi à saisir sa robe du bout des doigts. Seth devait sans doute avoir une vue de choix sur son profil et la cambrure de ses reins, mais il était un peu tard pour être gênée d'être nue devant lui. La jeune femme put saisir sa baguette qui était dans une des poches et jeta deux sorts sur la porte : le premier pour la verrouiller, le deuxième pour qu'elle ne laissât passer aucun son vers l'extérieur. Puis elle la posa avant de venir s'allonger sur Seth, face à face. Elle sentit les bras du jeune homme s'enrouler autour d'elle alors que sa tête reposait sur son épaule, sa bouche dans le creux de son oreille.
« Ce serait dommage d'être découvert maintenant... »
Quelques minutes passèrent en silence. Liv suivait du bout des doigts les contours du visage de Seth, elle avait une préférence pour sa bouche et sa mâchoire, mais aussi tout ceux qui étaient à portée de main. Puis Liv s'écarta, agrippa les épaules de Sharms pour hisser son visage à la hauteur du sien, faisant glisser son corps nu sur le sien. Une de ses mains se glissa dans ses cheveux encore humide tant dit que ses lèvres se posaient de nouveau sur les siennes. Liv aurait imaginé qu'après une étreinte aussi intense, elle n'eut envie que d'un moment paisible, mais rapidement, elle sentit le désir remonter en elle. Il était étrange de constater l'effet que Seth avait sur elle. Elle en fut surprise, s'attendant au départ à une simple envie unique, mais elle s'aperçut que son corps semblait en redemander encore une fois.

Ils semblaient tous deux perdus dans leurs réflexions, le silence qui s'était installé après leurs ébats s'éternisant depuis un moment. Lui pensait qu'elle allait se venger, ou en profiter pour le détruire après les retenues qu'il lui avait données, et elle pensait qu'il allait la jeter comme une trainée. Pourtant, il semblait qu'aucun des deux acteurs de l'acte qui venait de se dérouler n'ait ce genre d'intention. Pourtant, il la sentit frissonner contre lui et aurait pu jurer que ce n'était pas de froid. Il faisait bon dans la pièce, et ils étaient blottis l'un contre l'autre. Il était vrai que la température venait de baisser après l'éruption d'il y a quelques instants, mais l'air n'était pas frais. Il se demanda à quoi elle pensait. Si elle voulait simplement s'enfuir, les jambes à son cou, ou si elle ne savait pas vraiment comment prendre le moment présent. L'après était toujours particulier. Avant, on était dans l'excitation, et pendant dans le feu de l'action. Mais après, l'excitation retombait, les réalités revenaient au grand galop, et on se retrouvait nu devant l'autre, avec tout le temps pour être largement observé. Seth n'était pas gêné d'être nu devant elle, mais il pouvait imaginer que ce n'était pas son cas. Elle était loin de l'adolescente innocente, certes, mais elle restait son élève, et la situation, à présent, pouvait être embarrassante, il pouvait le comprendre.

Cependant, pour l'instant, ni l'un ni l'autre ne semblait vouloir bouger. Qu'avait-elle en tête ? Lui en voulait-elle ? Ou bien se traitait-elle de tous les noms pour avoir cédé aussi facilement à ses avances ? Peut-être même qu'elle envisageait de quitter ses cours ou, pire, l'université. Seth était loin de savoir ce qui se tramait dans la tête de sa partenaire d'un soir. Bien sûr, ne rien dire et faire comme si tout cela n'avait été qu'un rêve honteux était la solution idéale. Mais en serait-elle capable ? Non pas qu'il ne la jugeait pas suffisamment forte, mais il ne la connaissait pas, alors qu'il connaissait si bien la tendance des élèves, et particulièrement des filles, à tout se raconter. Et puis, serait-elle tout d'abord capable d'agir de telle façon que personne ne s'aperçoive du changement dans leur relation ? Rien n'était moins sûr.
Seth fut cependant sorti de ses réflexions quand Liv bougea contre lui. Il la regarda, tandis qu'elle évitait soigneusement de croiser ses yeux. Elle s'allongea en travers de son torse, et il sentit sa peau et sa poitrine le frôler à nouveau, éveillant des envies qu'il tenta de refouler immédiatement. Elle agrippa sa robe, saisit sa baguette, et lança deux sorts. La porte était désormais verrouillée et aucun son ne filtrerait plus au dehors. Dommage qu'ils n'aient pas pris le temps d'y songer avant, pensa-t-il, car il était à peu près certain qu'au moins une personne dans le château avait dû les entendre en passant. Fort heureusement, cette personne serait incapable de dire de qui il s'agissait dans le bureau et si Seth pouvait parfaitement assumer une rumeur selon laquelle il s'envoyait en l'air dans son bureau, il n'avait pas vraiment envie que cela arrive à son élève. Il aurait presque pu donner des points à la maison de Liv pour cet élan de subtilité et cet esprit alerte, mais il ne jugea pas vraiment le moment opportun pour rappeler qu'il était un prof et qu'elle était son élève.

D'autant plus qu'elle vint s'allonger sur lui, face à lui, leurs deux corps ne pouvaient être plus l'un contre l'autre qu'ils ne l'étaient. Il ne put s'empêcher de nouer ses bras autour de ce corps tendre et doux, et sentit la tête de la jeune femme se poser contre son épaule. Toutefois, il ne se sentait pas particulièrement à l'aise dans cette situation. Ce n'était pas physique, c'était moral. C'était son caractère. Il se sentait étrange, avec cette jeune femme sur lui, comme réclamant des câlins qu'il n'avait pas l'habitude de donner après l'amour. Certes, un bisou ou une caresse tendres pouvaient arriver, mais ce moment de rapprochement ne lui était pas familier. Il entendit vaguement la jeune fille lui dire que ce serait dommage d'être découverts maintenant, puis sentit ses doigts le parcourir. Quand elle se redressa, son corps glissant contre le sien, agrippant son visage pour l'embrasser à nouveau, il se sentit partir vers des sensations qu'il se devait à présent de refouler, à défaut de l'avoir fait plus tôt. Son désir avait rejailli en un rien de temps quand elle avait glissé sur lui et l'avait saisi pour l'embrasser, et s'il devait arrêter les choses, c'était maintenant. Ils ne pouvaient pas refaire ça une seconde fois. Même s'ils en mouraient d'envie tous les deux. Ils ne pouvaient simplement pas.

Automatiquement, il avait répondu au baiser de la jeune femme, mais il se reprit, et s'écarta, prenant le visage de Liv entre ses mains pour la forcer à rester à distance.

« Wow... je pense qu'on devrait se calmer... » dit-il, la déposant doucement à côté de lui. Il saisit rapidement ses vêtements et se redressa pour s'habiller, et cacher cette envie qui l'avait repris. Une fois vêtu entièrement, il s'éloigna, se dirigeant vers son bureau. Il chercha une occupation qui donnerait le temps à Liv de se rhabiller à son tour, mais ne trouva rien de très convainquant, et se décida enfin à affronter son regard. Un regard vert magnifique, dans lequel il se perdit une seconde, avant de se ressaisir à nouveau.
Il s'approcha alors de Liv, prit son visage encore une fois entre ses paumes, et y déposa un petit baiser, avant de l'éloigner. Il ne savait franchement pas quoi dire pour ne pas être indélicat, tout en gardant ses distances sous peine de craquer. Passant une main dans ses cheveux déjà ébouriffés, il leva son regard vers elle, les sourcils en l'air, un petit sourire au coin des lèvres.

« Je crois que le mieux est que tu retournes à ta chambre. C'était... c'était... »
Il leva les sourcils encore un peu, un sourire cette fois satisfait au visage.
« ... explosif et... plutôt plaisant. Mais on ne peut pas continuer comme ça. Il faut se ressaisir. Je ne sais pas... ce que tu en penses. Je ne veux pas te blesser, ni te jeter à la porte, c'est juste que... je crois qu'il vaut mieux qu'on se sépare maintenant. »

Son ton avait été légèrement hésitant, démontrant que sa détermination à ne pas lui sauter dessus une nouvelle fois était mise à rude épreuve. Mais il était fort, il était aussi un professeur, et le reste de son discours traduisait une confiance en lui qu'il ne voulait pas effriter. Pas en ce moment crucial. Il la regarda en silence, attendant sa réaction, prêt à agir si elle le prenait mal. Il ne voulait pas la blesser, ou qu'elle se sente mal après ce qui venait de se passer. Du moins tant qu'elle était dans son bureau, qu'ils étaient seuls, et qu'il avait encore tant envie d'elle. Après, rien n'était moins sûr...

Liv prit son manuel de Défense contre les Forces du Mal de haut niveau : comment se protéger du côté obscure de la Force? et ouvrit le volume au hasard. Même si elle semblait apparemment absorbée par les créateurs plus ou moins ragoûtantes qui se tenaient sous ses yeux, Liv avait l'esprit bien loin de là... quoique pas si loin que cela puisqu'elle repensait à ce qui s'était passé la veille au soir. Quand elle s'était réveillée ce matin, cela l'avait frappé comme un coup de massue. Avait-elle vraiment fait ça? Mais quand Minaly lui avait demandé comment c'était passé sa retenue, Liv, prise de court, n'avait pas réussi à sortir autre chose qu'un vague grognement avant de prendre la poudre de cheminette pour aller voir ailleurs si elle y était.
Liv avait eu tout le temps de repenser à la soirée pendant son cours de divination – son inattention était largement compensée par son don à inventer des sornettes – et elle ne se souvenait que vaguement de la manière dont elle s'était retrouvée contre un mur puis sur un bureau... Mais des frissons lui parcouraient encore l'échine à ces pensées et elle eut du mal à ne pas quitter immédiatement son cours pour retourner dans le bureau des enchantements... Dans les deux sens du terme.
« Qu'est ce qu'il t'arrive? »
La voix de Minaly la ramena sur terre. Vite trouver quelque chose.
Liv lui montra la page qu'elle regardait alors et se trouvant être un très bon prétexte :
« C'est une momie aztèque. J'ai eu la bêtise d'entrer dans une tombe aztèque quand j'étais en Amérique du sud et je suis tombée sur trois de ces trucs là. J'ai cru que j'allais y passer quand je me suis retrouvée bloquer dans un cul-de-sac, ça mangent les humains à ce qu'il paraît... J'ai réussi à m'en sortir en faisant effondrer le plafond sur les momies, mais pas moyen de les tuer penses-tu, j'ai fait sauté le mur à côté de moi et je l'ai scellé à nouveau une fois dehors pour qu'elles ne puissent pas sortir. J'en ai encore des sueurs froides! »
« Et tu étais seule? » s'exclama Minaly.
« Je t'ai dit que c'était une bêtise... » répondit Liv d'un air penaud.
La jeune femme jeta un coup d'œil empressé à sa montre qu'elle ne regarda pas vraiment :
« Je dois filer, on se voit plus tard! »

Elle dévala les escaliers et ne sut quelle direction prendre à l'intersection suivante. Ce n'est qu'en entendant des bruits de pas qu'elle se décida de rejoindre une des hautes tours du château, peut importait laquelle. Elle sentit le vent lui fouetter le visage lorsqu'elle ouvrit la porte. Elle leva la tête quand elle vit une ombre tournait sur le sol. Crapule l'attendait, ce qui lui tira un sourire attendri. Pas très obéissant comme oiseau mais toujours là quand il le fallait. Elle passa un temps, accoudée sur le bord de la tour à discuter sous le regard parfois courroucer de Crapule.
« Mais ne me regarde pas comme ça! Je n'ai pas vraiment eu le temps de réfléchir et c'était déjà fait tu comprends... » disait-elle où elle voyait justement à ce moment-là en contre-bas une ombre familière... Elle se demanda si Seth l'avait vu, même si ses cheveux blonds étaient inratable, à la seule condition de lever assez les yeux pour cela. Liv sentit cette même impression lui serrer la gorge et le cœur en se souvenant des minutes qu'elle avait passer à se rhabiller, à sourire devant les explications chevaleresques de Sharms avant de l'embrasser une dernière fois sous son regard surpris et de s'échapper avant que la situation ne dérape de nouveau.

La jeune femme ne savait pas si c'était une chance ou non, mais ce qu'elle savait, c'était que son cours de Sortilèges serait une mise à l'épreuve ce jour-là. Elle évita d'accorder un regard à Sharms et préféra se plonger dans le chapitre qu'il expliquait avant que les élèves ne puissent passer aux travaux pratiques. Après quelques essais, Minaly finit par lui dire :
« Tu te sens bien? C'est pourtant pas un sort que tu rates d'habitude... »
Liv prit une profonde inspiration pour tenter de se relaxer, mais au lieu de trouver la sérénité, elle s'énerva devant sa faible capacité à se maîtriser.
« Je dois être fatiguée, j'ai du mal à me concentrer, ne t'inquiètes pas! »
Liv posa le bout de sa baguette sur son front et les quelques étincelles qui en sortirent soulagèrent son mal de tête. Le reste du cours se déroula sans événement notable, si ce n'est que Seth était tout aussi froid et d'habitude, ce qui ne fit que renforcer sa mauvaise humeur grandissante. Même si elle ne s'attendait pas à quelque chose d'autre de la part de son professeur. Liv aida Minaly à peaufiner son mouvement du poignet, lançant déjà un sort informulé très satisfaisant.
« Tu fais quoi ce soir? » lui demanda Mina une fois que la cloche eut sonnée.
« J'irai peut-être faire un tour à Great Hangleton, il y a un nouveau bar qui a ouvert à ce qu'il paraît... »
« Ah mince, j'avais besoin de ton aide pour des révisions... Ce sera pour demain! » réun sort de rangement avant d'attraper son propre sac. Alors qu'ellpondit-elle en riant et en donnant une petite tape sur l'épaule de la blonde.
Liv lui répondit d'un sourire et tant dis que la salle se vidait, Liv allait franchir la porte quand son regard croisa enfin celui de Seth. Liv marqua un temps d'hésitation sur le pas de la porte.

Le contact de ses yeux avec les siens lui causa un choc, quasi-électrique, qu'elle ressentit jusqu'à la pointe des pieds. Liv percevait tout juste que sa respiration profonde et calme jusqu'alors s'accélérer, l'esprit perdu dans le regard azur de Seth. C'était une bêtise, elle le savait. Mais c'était une notion qui ne l'avait jamais vraiment arrêté avant ça. Il la repousserait sûrement, il devait s'être rendu compte de la terrible erreur qu'ils avaient commis hier soir et devait très bien savoir qu'il aurait été encore plus stupide de recommencer mais... Sans s'en rendre vraiment compte, elle s'était retrouvée face à Seth, avait saisi le col de sa robe sans ménagement pour l'attirer vers lui. Ses lèvres s'arrêtèrent à quelques millimètres à peine de celles de son professeur. Les doigts qui tenait la robe se crispèrent, ses yeux clos et ses lèvres se pincèrent, refoulant peu à peu cette envie de l'interdit.
« Je suis désolée, je sais que je ne devrais pas... » murmura-t-elle, si bas qu'elle doutait l'avoir vraiment dit.
Liv s'éloigna doucement, mais plus les secondes passaient, plus elle était certaine de perdre le contrôle. Peut-être qu'un pas de plus loin de Seth et tout resterait sous contrôle.

Elle s'était enfuie, souriant puis l'embrassant avant de s'échapper pour qu'ils ne recommencent pas. Un dernier baiser qu'il gardait bien en mémoire, sentant encore l'impression de ses lèvres sur les siennes. Il ne s'expliquait vraiment pas l'effet que cette fille avait sur lui, il ne le comprenait pas et avait décidé de l'ignorer, essayant de se convaincre qu'il était possible de lui résister en sa présence. Comme s'il avait déjà oublié l'attirance qu'il avait eue, à laquelle il n'avait pas pu résister plus d'une demi-seconde, qui l'avait poussé vers elle comme un aimant est attiré vers un autre. Il se faisait naïf, mais il se préservait ainsi des doutes et des questions qui l'auraient assailli sinon. C'est donc sans l'ombre d'un regret ou d'un questionnement que le lendemain, il arpenta les couloirs de l'école. Il ne croisa pas Liv, et en fut ravi, il devait le reconnaitre, mais il savait aussi qu'il n'échapperait pas à la confrontation, puisqu'il avait cours avec elle un peu plus tard dans la journée. Non qu'il ait peur ou craigne de ce qui pourrait se passer – après tout, elle avait peut-être raconté l'aventure à quelqu'un. Mais il n'attendait pas particulièrement ce moment avec impatience. A choisir, il préférait ne pas la voir pour ne pas devoir affronter ce qu'elle lui infligerait. Lâche ? Sans doute un peu.

Décontracté, il donna ses cours de la journée sans évènement particulier. Une journée comme une autre, en somme, où tout était redevenu comme avant cette fameuse retenue. Il salua de nombreux collègues qui ne semblaient au courant de rien, ce qui était un bon signe – elle tenait peut-être à sa réputation, finalement. Car si elle l'accusait, elle serait mise en cause aussi. On la traiterait de fille facile ou de fille essayant d'obtenir de meilleures notes. A moins qu'elle ne se prétende non consentante, mais là, il s'agissait d'un tout autre problème. Quoi qu'il en soit, aucune rumeur ne parvint jusqu'aux oreilles de Seth. Elle avait vraisemblablement tenu sa langue. Plusieurs fois dans la journée, il se demanda ce qu'elle pensait de tout cela, comment elle y réagissait. Regrettait-elle ? Avait-elle peur de le croiser ? Craignait-elle d'être sa cible privilégiée, maintenant ? Lui-même, il fallait l'avouer, ne savait que trop en penser. Regrettait-il ? Pas vraiment. Il avait passé un moment plus qu'agréable, et après tout, c'était une adulte consentante. Il ne pouvait pas regretter. Parce que quand il y pensait, la seule chose qui lui venait à l'esprit, c'était de recommencer. L'aimant, toujours l'aimant.
Il n'avait pas non plus peur de la croiser, car il n'était pas du genre à être empli de remords et à se sentir mal pour quelqu'un d'autre. Quand à lui-même, il n'avait aucune raison de se sentir mal.

Oui, c'était une journée comme une autre, où il avait beaucoup trainé avec Olivia, sa collègue et, occasionnellement, maîtresse. Sa meilleure amie, aussi. Pourtant, il ne lui avait rien dit. Il aurait pu, mais il sentait qu'elle risquait de le juger, et si cela ne le gênait pas du tout, il ne pouvait mettre Liv dans cette situation, ce n'était pas juste. Il ne voulait pas qu'Olivia la prenne pour une trainée, ou une fille facile, ou encore qu'elle pense que Liv avait fait ça dans un certain but. Ce n'était pas le cas. Rien de tout cela n'était le cas. Liv avait, tout comme lui, eut toutes les peines du monde à résister à cette attraction qui venait d'on ne sait où, et elle n'était pas plus à blâmer que lui. Olivia ne pouvait donc pas savoir.
Perdu dans ses pensées, il remarqua à peine qu'il venait d'atteindre l'heure à laquelle il devait donner cours à la classe de Liv. Quand les élèves arrivèrent, il oublia tous les évènements de la veille, et se comporta exactement comme à son habitude. Personne n'aurait pu deviner ce qui s'était passé dans son bureau, et d'ailleurs, apparemment, personne n'avait rien entendu. Il remarqua tout de même deux jeunes filles qui le regardaient souvent et se mettaient à rire, et il se promit d'éclaircir cela. En attendant, le cours se déroula sans évènement notable, et il remarqua à peine que Liv avait bien du mal à se concentrer sur son exercice. Pour cela, il aurait tout d'abord fallu qu'il la regarde, mais inconsciemment, il s'en était empêché durant toute la période de cours.

Ce n'est qu'à la fin, lorsque la classe se vida, qu'il perçut la conversation entre cette voix familière et pourtant différente de la veille, et sa meilleure amie. Liv songeait à se rendre dans le nouveau bar de Great Hangleton. Il ne prêta pas plus attention que cela au reste, mais lorsqu'il releva la tête, son regard croisa l'unique paire d'yeux qui restait. Ce fut le regard de trop, et il perdit à nouveau le contrôle de lui-même, comme si les yeux verts avaient un pouvoir destructeur sur lui, un pouvoir de contrôle absolu.
La jeune fille marqua un temps d'arrêt, son air changea, et quelques secondes plus tard, elle était face à lui. Plus rien n'existait qu'eux. Eux seuls. Pourtant, dans les couloirs, on entendait les élèves se presser pour se rendre à leur cours suivant. On entendait d'autres élèves s'approcher pour rentrer dans la classe. C'est vrai, il avait encore des troisième année, aujourd'hui... mais cette notion était si loin de son esprit, à présent. Deux yeux verts le fixaient, si proches. Une paire de lèvres était à proximité des siennes, l'appelant. Un corps plein de ce courant électrique le figeait sur place. Une main le tenait, pour qu'il ne puisse s'échapper. Et un souffle lui frôlant la peau lui donnait presque le vertige.

La même envie que la veille le saisit, celle-là même qui l'avait poussé à la plaquer au mur et à ne plus lâcher un seul grain de sa peau. Mais aujourd'hui, ils n'étaient pas dans son bureau, à l'abri des regards, protégés par une porte. Ils étaient à la merci du moindre élève qui pousserait la porte entrouverte. La voix de Liv le ramena à la réalité. Elle était désolée, elle savait qu'elle ne devait pas. Non, elle ne devait pas. Elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas le droit de le mettre ainsi en danger. Il serait viré sur le champ, s'ils étaient pris sur le fait. Une rumeur était une chose, mais pris la main dans le sac en était une autre. Il s'accrocha à cette idée, aussi futile et fausse soit-elle, et son regard se durcit alors qu'il reprenait ses esprits. Saisissant la main agrippée à sa robe de sorcier, il la détacha, et repoussa Liv.

« En effet, vous ne devriez pas, Mademoiselle Elder. Ce n'est ni l'endroit, ni le moment, et ce n'est d'ailleurs nullement approprié, quelles qu'en soient les caractéristiques. »

Ses yeux accusateurs ne tolérant aucune réplique, il attendit simplement qu'elle s'en aille. Un élève poussant la porte l'y incita d'ailleurs, et Seth se réfugia derrière son bureau, préparant son cours pour l'heure qui venait.

Ce n'est que le soir venu que, sur un petit bout de papier, il inscrivit quelques mots avant de l'attacher à la patte d'une chouette grise. Il la laissa s'envoler pour transmettre son message à une certaine jeune femme blonde. Elle pourrait y lire :

Citation :

Oublie le nouveau bar. 95, Grand Rue, Great Hangleton. 21h.

Oui, ce n'était pas l'endroit, difficile de faire plus claire. Liv retint un rire moqueur face à sa réplique. Elle scruta une dernière fois le regard de Seth, d'une froide indifférence, presque tinté d'une sorte de révélation. Effectivement, elle ne s'était pas attendu à autre chose de sa part. Elle quitta tranquillement la salle, son sac sur l'épaule mais fila sans plus de cérémonie à son cours de Magie de la Disparition, un cours qu'elle trouvait excessivement amusant. Elle oublia pendant deux heures l'attitude hautaine de Sharms et ce n'était pas plus mal. Pourquoi penser à un homme qui n'en valait pas la peine? Parce que Liv était certaine que même dans des circonstances différentes, il aurait réagi de la même manière. Après tout, il avait eu ce qu'il voulait d'elle... et elle ce qu'elle avait voulu de lui, ceci dit, même si c'était loin d'une quelconque pensée logique. Elle avait mal interprété ce qu'elle avait senti chez Seth, à la fin du cours. Il ne s'était pas imperceptiblement approché d'elle, sa respiration ne s'était pas emballée non plus. Liv se dit qu'elle devrait se trouver un petit gars à Hangleton avec qui elle partagerait son temps ; il n'y aurait alors plus de place pour une attirance mal placée envers un de ses professeurs.

Liv s'empêcha fermement de repenser à la nuit passée, et elle y parvint à l'aide d'un bon entraînement de sorts de métamorphoses bien retors, dans une des salles réservés à la pratique des élèves. Minaly finit par la trouver néanmoins :
« Hey, Livy! »
Mina lança par pur réflexe un sortilège du Bouclier, se protégeant ainsi du sort que Liv lui avait malencontreusement lancé.
« Oh! Mina, je suis désolée, tu m'as surprise! »
Mina essaya en vain de savoir ce qui n'allait pas chez Liv depuis le matin. Elle n'en tira rien, si ce n'est la promesse qu'elles dîneraient ensemble ce soir-là.
Plus les heures passées, plus Liv était agacée, elle devait bien l'avouer. Elle maudissait sa faiblesse, sa bêtise ; même si au fond d'elle, une petit disait avec raison que la raison de son énervement n'était pas celle qu'elle prétendait, elle était juste déçue de s'être fait congédier de la sorte.
Liv finit par regagner Gryffondor sans s'attarder dans la salle commune. Elle prit une douche avant de passer des vêtements propres – et plus adaptés à une sortie en ville, même si la plupart des sorciers n'accordaient pas d'important à ce genre de détails. Un jean, une paire de botte, un pull à grosses mailles et une veste épaisse plus tard, la jeune femme rejoignit Minaly à la table des Poufsouffle où elle réussit même à cacher sa contrariété. Elles en vinrent à discuter de leurs plans du week-end :
« J'ai encore pas mal de matières à bosser... et toi, quoi de prévu? »
Liv la regarda d'un air espiègle :
« Je pensais aller faire un peu la fête dans le Londres des moldus... »
Les yeux de Minaly pétillèrent d'enthousiasme. Et Liv promit à sa meilleure amie qu'elle l'y emmènerait un jour, au moment même où un hiboux gris vint se poser à côté de son assiette. Elle lui tendit son gobelet et décrocha la note qui était attachée à sa patte. Les quelques mots notés dessus ne firent qu'accentuer encore plus son agacement.

Quand elle franchit la porte nouvellement rafraîchie de La chope farceuse, Liv aperçut du coin de l'oeil Sacha, accoudé seul à une table. Elle le rejoignit.
« Salut, toi! »
« Liv! je ne pensais pas te voir ce soir » dit-il en lui faisant signe de s'asseoir.
« J'ai eu envie de prendre un peu l'air. Trop de retenue j'imagine »
Sacha rit franchement :
« Peut-être pas de très bonne compagnie, le prof Sharms! »
Pour seule réponse, elle lui fit un grand sourire en coin.
« Et toi, qu'est ce que tu attends ici? »
Elle vit Sacha se passer une main dans les cheveux, un sourire gêné sur les lèvres en lui indiquant des yeux un endroit dans le bar. Liv rit quand elle vit une jeune étudiante fraîchement arrivée à Hangleton.
« Ok, je vois que tu attends quelqu'un... Je vais te laisser alors! »
Liv quitta Sacha d'un baiser sur la joue et elle sortir dans la rue. Peut-être que L'étincelle sanglante ferait mieux l'affaire... Alors qu'elle glissait ses mains dans ses poches, ses doigts tombèrent sur le mot qu'elle avait reçu quelques heures plus tôt. Elle ne s'y était pas attendue : « Oublie le bar », suivi d'une adresse. Cela l'avait déstabilisé et aussi énervé. Pour qui se prenait-il?

Elle frappa à la porte du 95, Grand Rue, Great Hangleton. L'heure était passée, mais Liv n'avait jamais prévu de venir à la base. La porte s'ouvrit sur Seth mais aucun sourire ne vint se poser sur les lèvres de la jeune femme. Elle entra quand il s'écarta, l'invitant implicitement. Un léger cliquetis lui apprit qu'il avait fermé la porte derrière lui. Liv lui tournait le dos, ne sachant pas encore très bien si c'était pour éviter de se mettre en colère ou pour ne pas se jeter sur lui. Sûrement la première solution... Elle leva la main qui tenait le petit bout de parchemin :
« C'est quoi cette fois-ci, une retenue officieuse? » lâcha-t-elle.
Liv prit une profonde inspiration, et elle réalisa une nouvelle fois que c'était une erreur. Toute la pièce portait l'odeur de Seth. Elle ferma les yeux et déglutit difficilement, puis elle déposa le parchemin sur le meuble le plus proche.

Liv se retourna pour faire face à Seth. Et comme elle s'y était attendue sans vouloir se l'admettre depuis qu'elle avait décidé de venir ici, ses yeux dans les siens l'électrisèrent. Elle serra les dents ; elle pouvait résister. Du moins, elle en était pratiquement sûre tant qu'ils ne se toucheraient pas. Mais en réalité, son corps se tordait à l'intérieur, son cœur se fichait complètement de son refus. Liv désirait tant Seth que son corps lui faisait mal ; mal d'être en manque, mal de ne pas sentir son odeur dans le creux de son cou, mal de ne pouvoir goûter ses lèvres, mal d'être privé de sa chaleur, mal de réclamer en vain sa peau, mal de ne pas être dans le monde absolu que lui procurait ses bras. Se retrouver si près de lui sans pouvoir être sienne, sans qu'elle puisse en faire sien, était aussi inconcevable qu'inattendu. Jamais elle n'aurait imaginé ressentir ça pour un homme, jamais. Et même temps, en cette seconde, elle le détestait de lui faire ressentir une chose pareille, de la pousser à le vouloir lui, si fort, si ardemment, si sauvagement. Elle ne savait pas ce que Seth verrait en elle à cet instant ; peut-être la colère, peut-être son désir brûlant. Sûrement les deux.

La jeune fille était partie calmement, sans un mot de plus, et Seth n'avait pas su déceler ce qu'il avait provoqué en elle. Il aurait voulu, pourtant, lire en elle, savoir ce qu'elle pensait. Une idée qui devenait un peu trop obsédante à son goût, ces derniers temps. C'était sans doute la raison pour laquelle il s'était montré froid et indifférent. Cela étant, ce n'était pas l'unique raison. De cette façon, il se protégeait d'envies et de pulsions qu'il avait bien plus de mal à contrôler qu'il ne voulait bien se l'avouer. Balayant tout scrupule ou regret d'un revers de la main, Seth haussa les épaules, et se concentra sur l'heure à venir. Les troisième année n'allaient sans doute pas l'apprécier car si son humeur semblait stable, c'était une tornade dans son subconscient qui venait de naître, et ils allaient sans aucun doute en faire les frais.

La fin de journée arriva enfin, et le jeune professeur quitta directement l'université. Sans se l'expliquer – ou peut-être refusant de le faire – il n'avait plus envie de voir la tête des élèves, de croiser des filles qui pouffaient de timidité et d'excitation à la simple vue de leur professeur si sexy, ou même de devoir papoter avec l'un ou l'autre professeur. Il avait juste envie de se retrouver seul, d'oublier tout ce qui lui passait par la tête et de se reposer l'esprit. Pour cela, il connaissait deux moyens : le premier consistait à boire jusqu'à ne plus savoir comment il s'appelait, ce qui assurément lui ferait aussi oublier ce dont il crevait d'envie depuis la veille au soir. Le second était plus vicieux, plus malsain. Il impliquait qu'il ne soit pas seul, mais qu'il tâche d'évacuer toute la tension physique qui l'habitait depuis quelques heures. Une tension qui n'avait rien à voir avec un sport pratiqué un peu trop intensivement... quoi que ses activités de la veille lui avaient sûrement faire brûler quelques calories malgré tout.
Peut-être allait-il opter pour les deux solutions, l'une à la suite de l'autre, afin de s'assurer du résultat. Et il savait parfaitement qui ferait bonne compagnie pour la deuxième option.

Rentrant chez lui, il lança ses affaires sur le premier objet qui passa à côté de lui, et fila à la salle de bain. Il prit une douche, s'habilla et alla à la rencontre de sa chouette, un grand animal parsemé de blanc et d'un beige-gris assez harmonieux, d'une fière allure et au regard perçant. Il écrivit un mot bref mais précis, et l'attacha avant de laisser partir l'animal. Il savait que la réponse ne tarderait pas, aussi laissa-t-il sa fenêtre ouverte. Attendant cette dernière, il passa à l'option numéro un, et se vida un verre d'hydromel qu'il but d'une traite avant d'en prendre un autre, puis un troisième... Après un moment, il sentit qu'il pouvait déjà oublier facilement certaines choses et, ravi, il stoppa la boisson et s'affala dans son canapé. La chouette arriva quelques minutes plus tard, et lorsqu'il lut la réponse, un petit sourire s'afficha sur son visage. Il allait pouvoir s'occuper à autre chose ce soir, et il était persuadé que ses prochaines activités allaient lui permettre de résister plus facilement en présence de la jeune blonde qui lui faisait tourner la tête.

Il ne dut pas attendre trop longtemps avant qu'on ne frappe à la porte et il se pressa pour aller ouvrir. Olivia lui faisait face, un petit sourire amusé au visage.
« Eh bien... que me vaut cet empressement ce soir ? » demanda-t-elle en entrant, tandis qu'il l'attrapait par la taille.
« Je ne sais pas » mentit-il, « sans doute une période sage pendant trop longtemps. Tu n'as pas tardé à venir, il faut croire que tu étais pressée aussi ! » lança-t-il pour se défendre, avant de l'embrasser sauvagement.
La jeune femme rit et se laissa faire, tandis qu'ils s'entrainaient l'un l'autre vers la chambre de Seth. Ils ne discutèrent que très peu de temps, avant de passer à la suite, mais malgré l'alcool, le jeune homme n'était pas tout à fait dans sa chambre, ce soir. Ce que ne manqua pas de remarquer Olivia.
« Tu es ailleurs... » murmura-t-elle alors que la tête de Seth reposait sur son ventre, se soulevant au rythme de sa respiration. « J'ai l'impression que ma venue n'était pas seulement destinée à assouvir un manque... qu'est-ce que tu essayes d'oublier, Seth ? »

Comme il pouvait être agaçant qu'elle le connaisse si bien, par moment. Comment avait-elle pu deviner aussi facilement ? Pourtant, il ne pouvait lui dire. Qu'en penserait-elle ? Le jugerait-elle ? Il ne le craignait pas forcément car il savait qu'il finirait quand même par obtenir son pardon. Pourtant, il était réticent à lui avouer la raison de son appel. Il ne voulait pas que quelqu'un sache. Même elle, alors qu'il lui disait toujours tout. C'était curieux, nouveau pour lui, mais il se sentait mieux à l'idée de ne rien révéler qu'à celle de tout avouer.
« Peu importe... l'important est que tu sois venue, non ? » répondit-il après quelques secondes de silence.
Heureusement, Olivia n'était pas du genre à insister, et elle se contenta de cette réponse. Elle n'exprima rien non plus quand il lui dit qu'il préférait être seul cette nuit, la congédiant gentiment. Il lui en était reconnaissant et essaya de noter quelque part dans sa tête qu'il devait absolument la remercier.

Ce n'est que lorsqu'elle fut partie et qu'il retourna vers sa chambre qu'il se souvint avoir donné rendez-vous à celle qu'il essayait d'éviter en pensée. Il était 20h45. Sans plus réfléchir, il s'habilla en hâte après avoir repris une douche, prit ses affaires et courut vers la maison de son cousin, qui n'était qu'à quelques maisons de là, heureusement. Il frappa à la porte à plusieurs reprises, démontrant son insistance, et faillit donner un coup de poing à Ezra lorsqu'il ouvrit la porte.
« Hey cousin, comment ça va ? » demanda Seth en entrant sans qu'on l'y invite. « Ecoute, j'ai besoin que tu ailles au nouveau bar, tout de suite. Il faut absolument que tu y restes jusque 23h, pour vérifier si Olivia y va. C'est compliqué, je t'expliquerai plus tard ! Tu veux bien ? Je dirai un mot au prof qui s'est foutu de toi à ton épreuve d'intégration aux études... allez, vas-y, dépêche-toi ! » dit-il en poussant son cousin hors de chez lui, ne lui laissant même pas le temps de répliquer. Il aperçut à peine la grimace vexée qu'il lui lança. Fermant la porte derrière lui, il inspecta rapidement les lieux. C'était en ordre, plus ou moins propre, et même si ça ressemblait plus à une maison de fille qu'à celle d'un homme comme Seth, cela ferait l'affaire.
Bien entendu, ce qu'il avait inventé pour son cousin était tout à fait faux. Il avait juste eu besoin de le mettre dehors. Car Seth ne voulait pas que Liv voit sa maison, il s'imaginait sans doute que c'était plus privé que son propre corps, et il ne souhaitait pas non plus qu'on la voit entrer chez lui à cette heure-là. Au moins ici, personne ne le soupçonnerait de quoi que ce soit, et si soupçon il y avait, ce serait ceux d'une relation entre Liv et Ezra.

A peine le temps de se retourner qu'on frappa à la porte. Elle était en retard, mais il ne s'en était même pas aperçu. Il n'avait même pas pris le temps de douter de sa venue. Il ouvrit, et un visage indifférent, ou qui tâchait de l'être, lui fit face. Sans un mot, il s'écarta pour la laisser passer, ne désirant pas qu'on les voit. Elle entra donc, et il referma la porte derrière elle. Elle lui tournait le dos, et il ne s'approcha pas, respectant la distance qu'elle mettait entre eux. Elle devait être en colère et après tout c'était sans doute légitime. Seth savait ne pas ménager ses condisciples, et Liv n'avait pas fait exception. S'il ne changeait pas et n'avait pas vraiment de scrupule à être ainsi, il comprenait toutefois qu'il n'était pas toujours des plus faciles à vivre, et laissait généralement les gens exprimer leur colère envers lui. Dans l'indifférence la plus totale. Ce qui avait une nette tendance à soit les agacer encore plus, soit les rendre, disons... dingues de lui. Être agaçant était effectivement quelque chose qui semblait attirer beaucoup de femmes, même s'il ne se l'expliquait pas du tout. Il s'en fichait éperdument, tant que cela lui apportait des avantages.

Montrant le bout de parchemin sur lequel il avait griffonné quelques heures plus tôt, elle lui demanda s'il s'agissait d'une retenue officieuse, aujourd'hui. Puis elle posa le bout de papier sur un meuble. Elle se retourna alors et lui fit face. Leurs regards se croisèrent, et l'électricité prit à nouveau le dessus. Tous les efforts de Seth – la boisson, se ruer dans les bras d'une autre pour assouvir ses envies en espérant qu'elles seraient rassasiées – tombèrent à l'eau, et se révélèrent parfaitement inutiles. Attiré comme un aimant, il souhaitait simplement la prendre dans ses bras, l'embrasser et la posséder à nouveau.
Il vit dans les yeux verts la bataille qui se déclamait haut et fort. Désir et colère. Envie et agacement. Il sourit en coin, il ne put s'en empêcher. Il avait vu cela si souvent dans le regard de nombreuses femmes. Pourtant, pour la première fois, cela ne le laissait pas indifférent. Certes, il y avait le désir, mais il y avait également autre chose. Quelque chose d'indéfinissable, une satisfaction qui, pour une fois, était tout à fait saine et authentique. Désarçonné, il ne sut que dire pendant quelques instants. Il n'osa pas bouger, de peur de s'approcher d'elle et de ne finir que par lui bondir dessus sans un mot.
Il finit par se contrôler un minimum, et parvint à articuler quelques mots.
« Tu sais bien que je ne peux pas être ton petit copain secret. Et surtout pas à l'école ! »
Ce n'était même pas ce qu'il avait voulu dire. C'était ridicule. Bien sûr que c'est ce qu'il voulait, et ce qu'il était en lui envoyant des petits mots doux après les cours ! Mais il n'entendait pas éprouver des sentiments, l'aimer ou la cajoler. Voilà le véritable sens de ses paroles.
« Pourquoi tu es venue, après tout ? Qu'est-ce que tu veux ? »
Etait-ce une façon de gagner du temps ? Parler pour mieux se contrôler ? C'était sans doute pathétique et peu convaincant, mais il n'avait encore rien trouvé de mieux. L'alcool et le sexe, c'était déjà fait, et tout aussi inutile que le reste.
« Tu crois qu'on peut coucher ensemble tous les soirs ou quoi ? A l'école ? Dans mon bureau, dans une classe, n'importe où ? C'est pas comme ça que ça marche ! »
Et là, que voulait-il dire, exactement ? Qu'il l'avait fait venir ici, en dehors de l'école, pour parer au problème qu'il venait d'énoncer ? Ses paroles lui échappaient, et elles avaient sans doute beaucoup plus de sens qu'il ne voulait bien leur en accorder. Encore fallait-il savoir lire entre les lignes...

La maison du 95, Grand Rue était plutôt mignonne, même si elle ne voyait pas Seth vire là-dedans, elle ne savait pas trop pourquoi. Peut-être parce que le mot « mignon » ne lui allait pas vraiment. Liv regrettait d'avoir rejoint Seth, elle aurait préféré lui poser un lapin, lui montrer qu'elle se fichait complètement de lui et ce qu'il s'était passé.. Non seulement cela le mettait en position de force car il était chez lui mais aussi lui donner à elle l'image d'une fille sage qui faisait ce qu'on lui disait.
Il l'avait faite entrer et n'avait pas essayé de s'approcher d'elle et c'était mieux ainsi. Mais quand elle s'était retourner, elle avait senti son corps se tendre vers Seth et ferma les yeux, sans quoi elle n'aurait pas pu résister à l'appel de sa peau, de ses mains brûlantes, de... Liv ouvrit les yeux. Il n'était pas ivre, mais Liv voyait qu'il n'était pas non plus tout à fait sobre et elle se demanda pourquoi. Pourquoi il n'avait pas préféré être dans son état normal alors qu'il lui avait demandé de venir.

Les yeux de Liv s'arrondirent de surprise lorsqu'il parla pour la première fois. Son petit copain secret à l'université? Elle ne put s'empêcher de penser que cela voulait dire qu'il n'était pas contre être son petit ami officiel en dehors de Little Hangleton. Elle rejeta cette idée absurde d'un mouvement de tête et cela l'irrita encore un peu plus. Se moquait-il d'elle.
« Je n'ai jamais parlé de ça. Encore faut-il que je veuille de toi à un titre aussi officiel. » répondit-elle froidement. Ou du moins essaya-t-elle. Mais elle regretta immédiatement et espéra qu'il ne le verrait pas, même si elle en douta.
Le blesser, le titiller, peut-être le désarçonner, en espérant arriver à savoir ce qu'il pense vraiment, voir comment il réagirait. Il ne se laisserait sûrement pas prendre au piège mais Liv n'avait pas la tête à faire dans le subtil ce soir là.

Seth lui demanda alors pourquoi elle était venue, ce qu'elle voulait. Le planquer contre un mur et lui faire l'amour peut-être? Liv s'éclaircit la gorge à cette pensée et fronça les sourcils avec un temps de retard. Les hommes étaient vraiment tous les mêmes après quelques verres... Elle mourait de nouveau d'envie de se jeter sur lui mais au lieu de cela, elle répondit, presque avec lassitude :
« Je ne sais pas. Sûrement te gifler. Ou peut-être pour te rappeler que je ne suis pas quelqu'un qu'on jette et qu'on rappelle en sifflant. Je n'ai pas de temps à perdre avec un homme qui me considère comme ça. »
Elle vit Seth s'énerver :
« Tu crois qu'on peut coucher ensemble tous les soirs ou quoi ? A l'école ? Dans mon bureau, dans une classe, n'importe où ? C'est pas comme ça que ça marche ! »
Liv se rapprocha lentement de lui, son regard vert dans son regard bleu, chacun de ses pas électrisant encore un peu plus l'espace qui les séparait.
« Je n'ai pas vraiment eu l'impression que coucher avec une élève dans ton bureau, sur ton bureau, ou même dans l'école, te posait problème hier soir pourtant. »
C'était donc ça? Des regrets qu'il éprouvait? C'était sûrement cela. Il regrettait alors qu'elle n'avait pas ressenti cela une seule seconde. Elle se sentit... trahie et un sentiment violent envahi Liv. Elle s'approcha encore. Il ne bougeait pas sous son regard pourtant en furieux, mais il avait sans doute l'habitude d'inspirer cela aux gens qui l'entouraient. Elle aurait voulu lui crier dessus pour le blesser, pour se venger, dire que cela avait été une erreur, qu'elle regrettait amèrement, dire injustement qu'elle détestait l'idée de s'être laissée toucher par cet homme, qu'elle ne supportait pas de sentir son regard sur elle. Et pourtant... pourtant, elle voulait de lui furieusement, le posséder comme si cette nuit était sa dernière chance d'être aimée par Seth, comme si c'était son unique chance d'être un jour heureuse. Comment un homme pouvait-il lui faire ressentir une chose pareille alors qu'elle le connaissait si peu?

Liv ôta sa veste d'un mouvement souple et la laissa tomber par terre, son pull au large col laissait voir ses épaules nues, seulement couvertes par quelques mèches de cheveux. Elle ne s'arrêta qu'à quelques centimètres du corps de Seth.
« Comment est-ce censé marcher alors? »
Du bout des doigts, la main de Liv remonta le long de son bras jusqu'à son épaule, glissa le long de sa clavicule, remonta la courbe de sa gorge jusqu'au piquant de son menton.
« On joue au chat et à la souris? Ou alors je joue la froide indifférence pour te rendre fou? »
Ses doigts glissèrent jusqu'à sa bouche, traversèrent sa joue jusqu'à sa nuque, s'emmêlèrent dans ses cheveux. Liv approcha sa bouche jusqu'à son oreille où elle murmura :
« Ou bien, tu fais semblant de ne pas vouloir de moi et je te cours après? »
Elle se détourna alors brusquement de Seth, furieuse. Mais la colère ne l'aidait pas du tout à se contrôler. Alors elle fit ce qu'elle ne voulait pas faire depuis qu'elle était arrivée. Elle fit volte-face et embrassa Seth à la fois avec haine et passion, brusquerie et sensualité, rejet et possessivité. Ses mains se parcourirent son torse, mirent à mal sa chemise, désirant plus, bien plus que ce qu'elles possédaient à l'instant même.
« Mais si tu as une meilleure proposition, je t'écoute... » murmura Liv, les lèvres à quelques millimètres de celles de Seth. Et elle n'arrivait pas à savoir qu'elle serait sa réponse.

Le fait qu'elle devait fermer les yeux quand elle était face à lui lui indiquait clairement qu'elle était dans le même état de tension que lui. Ne pas le regarder, ne pas s'approcher trop près pour ne pas céder. Il avait choisi l'alcool et une partie de jambes en l'air, elle choisissait des méthodes plus communes et plus simples. Mais aucune ne semblait réellement fonctionner, du moins comme ils l'espéraient. Étaient-ils simplement destinés à se sauter dessus chaque fois qu'ils se retrouvaient rien que tous les deux ? C'était ridicule, Seth n'avait jamais cru en ces balivernes. Le destin, le chemin tout tracé, les âmes sœurs... il ne croyait à rien de tout cela !

Lorsqu'il ouvrit la bouche la première fois, disant qu'elle ne pouvait tout de même pas espérer qu'il soit son petit ami secret, elle répliqua qu'il fallait encore qu'elle le veuille comme petit ami tout court. Un sourire en coin s'afficha sur le visage de Seth à cette remarque, destinée à le blesser sans doute, ou à écorcher son amour propre de mâle dominant. Raté, ce n'était pas le genre de remarque qui l'affectait, il se fichait pas mal d'un titre ou d'une quelconque place dans la vie de quelqu'un, du moment qu'il obtenait ce qu'il voulait... et jusqu'à présent, cela lui avait plutôt bien réussi.
En outre, il avait cru déceler une once de regret aussitôt la phrase sortie, ce qui avait accentué son sourire. Il ne se moquait pas d'elle, mais était simplement satisfait de l'effet qu'il avait manifestement sur elle – comme elle en avait un aussi puissant sur lui, mais cela, il se gardait bien de le mentionner.
Sans relever la pique, il continua donc son petit discours peu amène, il fallait bien le reconnaitre. Il n'était pas tendre. Il lui demandait pourquoi elle était venue alors qu'elle paraissait en colère, et ce qu'elle voulait. Elle ne semblait pas elle-même détenir cette réponse-là. Le gifler ? C'était sûrement tentant. Il en avait déjà reçu quelques-unes, de celles qui étaient si en colère qu'il fallait d'abord qu'elles passent par cet acte physique-là avant de passer aux autres, un rien plus agréables. Comme si elles avaient besoin d'éliminer le trop-plein de tension avant de passer à la suite, par crainte que trop de tension n'en vienne à détruire le moment. Il ne savait pas très bien, mais il avait toujours trouvé ces moments amusants. Prémices d'une nuit sauvage et passionnée.
Elle lui dit qu'elle n'était pas une personne que l'on jetait et reprenait à sa guise, et qu'elle n'avait pas de temps à perdre avec un homme comme ça... comme lui. Ce à quoi il répliqua, mimant une colère feinte, que les choses ne se passaient pas comme ça, qu'ils ne pouvaient pas coucher ensemble à chaque fois qu'ils se croisaient.

C'est à ce moment-là qu'elle le surprit. Elle s'approcha lentement de lui, faisant bondir son cœur dans sa poitrine, et presque trembler ses membres tant il tâchait de résister à l'attirance qu'elle exerçait. Leurs regards s'accrochèrent, et les paroles de Liv glissèrent sur lui, il l'entendit à peine. Elle n'avait pas eu l'impression que coucher avec une élève dépassait réellement ses limites, la veille. Touché. De toute façon, il avait raconté n'importe quoi. Comme s'il était suffisamment mature, sensé, réfléchi, pour venir dire que ce n'était pas bien. C'était un speech tout fait, tout près. Auquel il ne croyait pas une seconde, évidemment. Si c'était à refaire, il le ferait encore une fois sans hésiter, sans réfléchir. Parce que Seth n'était pas de ceux qui passaient leur vie à penser chaque acte, à imaginer les conséquences. Il préférait vivre sa vie au jour le jour, la laissant amener avec elle ses aléas, ses obstacles, mais aussi ses joies et bonheurs au fur et à mesure, sans chercher à les anticiper. Il les appréciait d'autant plus.

Elle continua à avancer, ne le lâchant pas des yeux, son regard exprimant toute la colère qu'elle ressentait à son égard, et qui l'émoustillait plus qu'elle ne le mettait mal à l'aise. Continuant son trajet, elle ôta sa veste, geste qui arracha presque un gémissement à Seth, qu'il sut néanmoins garder pour lui-même. Que faisait-elle ? Idiot. Bien sûr, qu'elle aurait cette réaction-là ! Elles l'avaient toutes, n'est-ce pas, quand il les avait mises en colère ? N'était-ce d'ailleurs pas là tout le but ? Pourquoi avait-il cru qu'elle réagirait différemment ? Pourquoi pensait-il qu'elle resterait dans sa colère et ne passerait pas à la tension purement physique et sensuelle ? Peut-être l'avait-il seulement espéré, plutôt que de le croire réellement. Peut-être avait-il espéré qu'elle résisterait mieux qu'il n'y parvenait lui-même. Car avec les autres, il pouvait résister s'il le désirait. Mais avec elle, il ne contrôlait absolument plus rien. Il se sentait totalement dépourvu, face à elle. A sa merci. Fragile. Un sentiment qu'il n'avait jamais ressenti de sa vie.

Sans qu'il ne puisse rien y faire, il n'avait pas bougé, elle se retrouva à quelques centimètres de lui. Ses épaules dégarnies attirèrent son regard, il avait envie d'y poser les lèvres. Mais il résista, lorsqu'elle parla. Comment était-ce censé marcher ? Bonne question. Il n'en avait pas la moindre idée. Était-elle destinée – oui, il venait bien d'utiliser ce mot – à devenir une autre Olivia ? Non, c'était bien différent. Ce n'était pas que de l'amusement, avec elle, il le savait même s'il le niait fortement.
Il frissonna discrètement lorsque sa main toucha son bras, remonta jusqu'à son visage, en dessina les courbes. Il cessa de respirer lorsque sa bouche s'approcha, qu'elle murmura à son oreille alors qu'il sentait son haleine chaude dans son cou. Les options qu'elles lui proposait étaient effectivement ce à quoi il jouait généralement. Mais il n'eut pas le temps de répondre. Elle s'était détournée, en colère. Une demi-seconde plus tard, elle revenait à lui, et l'embrassait, passion dévorante et brûlante, ouragan d'envies et de fantasmes, tempête de sentiments entremêlés et confus. Avant de stopper, et de murmurer encore. Qu'allait-il décider ? Comment envisageait-il cette relation ? Pouvait-il y mettre fin, définitivement ? Ou allait-il la voir en secret ? Ou pas ?

Il la regarda dans les yeux une seconde ou deux, se demandant comment il parvenait à ne pas continuer ce qu'elle avait commencé immédiatement. Puis, brusquement et sans ménagement, il la poussa contre le mur, lui tenant les poignets à hauteur de son visage avec férocité, l'air sérieux et presque méchant.

« Ce n'est pas un jeu, Liv ! Tu te crois où ? Dans un film ? Si on se laisse aller à nos pulsions, tu seras blessée, et nous souffrirons tous les deux – moi de perdre mon job, toi d'une réputation que tu ne mérites sans doute pas ! On ne peut pas ! »

Combien de temps comptait-il tenir, exactement ? Sans doute pas plus d'une minute...
Son regard noir la fixait toujours. Il ne pouvait déchiffrer ce qu'elle pensait en cet instant. Ce qu'il savait, en revanche, c'était qu'il avait perdu la bataille à la minute où elle avait plongé ses yeux dans les siens. Comme s'il était capable de raison. Face à elle !

« Et puis merde, j'ai jamais été le raisonnable de la famille... » grommela-t-il plus pour lui-même, avant de plonger sur ses lèvres appétissantes. Ces épaules l'attirèrent rapidement, tandis qu'il la retenait toujours prisonnière. Il se colla à elle, frotta son corps contre le sien, ravagea sa bouche, ses joues, ses yeux, son cou de multiples baisers embrasés. Son souffle était à l'unisson de ses gestes, saccadé, brusque, excité. Il malmena l'ouverture de son jean, glissa sa main dedans, caressant la peau chaude. Puis il ôta le pull, regardant avec envie ses cheveux retomber sur sa peau nue. Il l'agrippa, une main sous les épaules, l'autre sous ses genoux, et l'emmena vers le large canapé du salon. Saisissant sa baguette, il lança vaguement un sort pour verrouiller la porte de manière à ce que son cousin ne puisse l'ouvrir, ou quiconque d'autres d'ailleurs, et ne laissa pour lumière qu'un faible halo tamisé. Il laissa alors tomber le bout de bois, et plongea à nouveau sur Liv, son corps entre ses jambes, ses mains baladeuses, et sa bouche aventurière.

Liv n'eut pas le temps de retenir un gémissement lorsqu'elle se retrouva plaquée sans ménagement contre le mur, les poignets dans les mains de Seth, tenus d'une poigne de fer. Son regard était d'un sérieux mortel, son air contrarié et ses sourcils froncés le rendait encore plus sexy aux yeux de Liv. Puis il lui dit que tout cela n'était pas un jeu, qu'ils ne devaient pas écouter ce qu'ils ressentaient. Même en sachant très bien cela, il lui avait tout de même envoyé un message, sans quoi ils n'auraient jamais été ici, ensemble ce soir. Cela fit sourire Liv. Finalement, il n'y avait pas qu'elle qui ne maîtrisait pas grand chose.
Puis elle se tortilla et se cambra dans l'étreinte puissante de ses mains, jouant plus qu'essayant de se libérer, exagérant le tout, même si elle ne pouvait effectivement pas se libérer, avant de dire :
« Ce n'est pas un jeu? Pas un jeu? » Elle ne put s'empêcher de rire « Comme si tu pouvais t'empêcher de jouer... C'est gentil de te soucier de moi, mais ça m'étonnerait que tu aies ce genre d'attention envers les gens. »
Seth se contenta de la fixer intensément, comme pour deviner ce qu'elle pensait, mais ne semblait pas y trouver de réponses satisfaisantes. Ce qu'elle pensait? Que la pièce serait beaucoup plus agréable avec les vêtements de Seth sur le sol. Au même instant, elle l'entendit grognait quelque chose avant qu'il ne se jeta sur elle. La gorge de Liv laissa échapper un son, presque une plainte, le soulagement d'être à nouveau dans son étreinte, alors que son corps vint se coller au sien. Liv, à sa merci et toujours entre ses mains serrées, reçut avec un désir violent les lèvres des Seth sur les siennes. Seth. Il était plus qu'une envie, plus qu'une nécessité ; elle ne pouvait que l'embrasser encore et encore, partager son souffle, sentir qu'il serait sien pendant l'heure à venir, sans se soucier des conséquences, jamais ; et jamais elle ne pourrait s'habituer à la plénitude qu'il lui apportait, ce sentiment de brûlante existence qu'il faisait naître en elle, lui, un de ces hommes égoïstes et joueurs pour qui elle n'avait jamais eu d'intérêt, aussi beaux fussent-ils.

Malgré que les caresses de Seth étaient brusques, sans ménagement – mais Liv ne voulait pas autre chose – ses lèvres étaient passionnées mais sans brutalité. Privée de ses mains, Liv investissait le corps de Seth de sa bouche, arracha le premier bouton de sa chemise d'un coup de dents avant d'aller jouer de sa langue sur son torse, et se remonter vers son cou. Une de ses mains fut libérée, et sans chercher à savoir ce que Seth comptait faire de la sienne, elle agrippa un des pans de la chemise, tira dessus. Elle s'ouvrit, répandant des boutons sur le sol, tant dit que Liv découvrit une des épaules de Seth qu'elle vint mordiller. Elle se rendit à peine compte que la dite main de Seth avait ouvert son jean et glissé le long de sa hanche. Puis il saisit son pull, le remonta sur son ventre. Liv leva les bras et il lui ôta avant de la soulever d'un mouvement rapide. C'était presque chevaleresque même si Liv ne s'y trompait pas. Et puis elle n'avait jamais voulu d'un chevalier servant de toute façon. Seth la déposa sur le canapé avant d'attraper sa baguette et de verrouiller la porte. Lorsqu'il se pencha de nouveau sur elle, elle saisit son visage entre ses mains, l'obligeant à ne pas l'approcher.
« Je vois que tu as appris ta leçon... » dit-elle avec un sourire espiègle sur le visage.
Il se pencha de nouveau vers elle, épousa le creux que formé les jambes de la jeune femme. Elle le retenait hors de portée de son visage, même si elle était sûre qu'il aurait préféré se fondre sur elle, mais c'était justement tout là l'intérêt. L'attiser encore un peu plus, même si cela lui faisait mal à elle aussi, mais la frustration et le désir ravageur qu'elle voyait dans ses yeux bleus la comblait d'une manière inattendue. Elle l'embrassa du bout des lèvres avant de s'éloigner de nouveau. Puis ses mains glissèrent jusqu'à ses épaules, libérant son corps de sa chemise et par la même occasion le visage de Seth qui descendit vers elle. Liv chercha la langue du jeune homme de la sienne et sa peau prit encore plusieurs degré alors qu'elle ne pensait pas cela encore possible. Il fallut encore quelques minutes de plus pour que tous leurs vêtements atterrissent sur le sol, leur tâche n'étant que plus difficile à cause de leur incapacité à s'éloigner l'une de l'autre plus d'une seconde.

Ils passèrent un moment encore à découvrir et redécouvrir un corps que chacun connaissait pourtant déjà avant d'entamer leur ultime danse. Une minute elle était sauvage et sensuelle, la suivante elle était brusque et animale, mais toujours passionnée. Liv ne se retint pas d'exprimer ce que son corps avait à dire à ce soir-là, et encore moins au moment où leurs deux corps furent le plus en phase l'un avec l'autre. Puis Liv sentit le corps de Seth se détendre contre le sien, sentant une respiration longue et profonde contre la peau de son cou, alors qu'elle passait sa main dans ses courts cheveux bruns et qu'elle parcourait du bout des doigts le dos musclé de Seth encore quelques fois avant de devoir s'arracher à lui. Un sourire béat naquit sur son visage, empli de pure satisfaction. Et aussi de bonheur quelque part. Liv éloigna cette petite voix dans sa tête qui lui disait que ce contentement absolu ne durerait pas – elle n'avait besoin de personne pour le savoir. Elle tourna la tête, l'enfouissant dans l'oreille de Seth pour qu'il ne vît pas son visage, du moins, elle espérait qu'il ne soit pas trop tard pour cela. Elle ne voulait pas flatter son égo plus qu'il ne l'était déjà. Elle ne voulait pas que l'instant se finisse. Elle ne voulait pas qu'il la quitte. Et pourtant, même si elle ne voulait rien de tout cela, il n'y avait rien qu'elle pût faire contre.

La jeune femme se tortilla sous ses mains, jouant, ce qui n’aida en rien Seth à maîtriser le feu qui le consumait de plus en plus à l’intérieur de lui. Elle souriait, comme amusée par ses paroles alors qu’il essayait de garder tout son sérieux, de reprendre la situation en main et de ne pas déraper. Pourquoi l’avait-il invitée, déjà ? Ah oui, parce qu’il était incapable de la repousser. Incapable de se passer d’elle. Et surtout incapable d’être seul en sa présence sans la plaquer contre un mur.
Elle riposta lorsqu’il lui dit que ce n’était pas un jeu, disant qu’il était bien incapable de ne pas jouer… elle ne le connaissait pas si mal, finalement, alors qu’ils n’avaient pas passé tant de temps que cela ensemble, et surtout pas à bavarder pour mieux se connaitre… Elle termina alors en disant qu’il était bien gentil de se soucier d’elle, doutant toutefois de sa sincérité dans l’acte. Il ne se vexa pas, il savait qu’elle avait raison, et de toute façon il n’allait tout de même pas commencer à se disputer avec elle alors qu’il ne la connaissait même pas.

Alors, il fit ce qu’il faisait le mieux : il se rua sur elle en jurant et en marmonnant, s’en voulant d’être aussi faible, mais tellement satisfait d’arriver là où il avait souhaité arriver en l’invitant. Il fut ravi d’entendre la satisfaction dans le souffle qu’elle émit lorsqu’il l’embrassa et cela ne le rendit que plus désireux.
Ils furent passionnés, bien entendu, comment ne pas l’être alors qu’ils s’étaient attendu tant de temps - une éternité. Il avait gardé ses mains un moment et elle le dévorait de la bouche, puis il en libéra une et elle ne fit pas grand cas de sa chemise. Quant à lui, il explora les dessous de la jeune femme, avant de l’emmener vers le canapé. Lorsqu’il verrouilla la porte, elle le força à la regarder, l’empêchant de continuer ce qu’il avait commencé. Le sourire aux lèvres, elle lui fit remarquer qu’il avait appris sa leçon et continua de le garder à distance, ce qui l’exaspéra autant que cela le rendait fou de désir. Il s’était installé entre ses jambes et essayait vainement de se rapprocher de son visage alors que ses mains vagabondaient gaiement. Il sentit vaguement des lèvres se coller aux siennes, qui en feu, ne remarquèrent presque pas le contact tant il était faible. Il en voulait plus, beaucoup plus. Quand enfin elle le libéra, elle lui ôta sa chemise et il ne se fit pas prier pour remédier à tout cela. Leurs langues dansèrent ensemble, et plus rien n’existait autour d’eux.

Les derniers vêtements volèrent, les deux corps s’unirent, et le moment fut mémorable, à la hauteur de leurs espérances. Enfin, ils s’étaient rassasiés l’un l’autre. Pour le moment. Comment feraient-ils pour à nouveau survivre l’un sans l’autre pendant plusieurs heures, ils n’en avaient pas la moindre idée. Ils n’y pensaient même pas, d’ailleurs, tout à leur union charnelle qui venait de se terminer, les laissant satisfaits et comblés. Seth se laissa aller contre le corps de la jeune femme, sentant sa respiration encore légèrement saccadée. Aucun d’eux ne bougea, se laissant aller tout à leur plaisir. Le silence retomba doucement, alors que leurs respirations reprenaient peu à peu un rythme normal. Des idées traversèrent l’esprit du jeune homme, des idées négatives pour la plupart, puisqu’il pensait à ce qui se passerait ensuite.

Ils avaient failli une première fois, et ils avaient pu mettre cela sur le compte de la situation ambigüe, ou sur la soirée qui avait été inspirante… ou encore sur un coup de tête. Mais ce soir, c’était la deuxième fois. Une deuxième fois n’était plus une erreur. Une seconde fois, c’était une envie, un désir. Une seconde fois, c’était tout à fait volontaire… Qu’allaient-ils bien pouvoir en faire, maintenant le moment d’euphorie passé ? Comment allaient-ils réagir lorsqu’ils reprendraient leurs esprits et devraient se confronter, assumer leurs désirs, leur relation ? Car même s’ils le niaient, ils devaient admettre qu’ils s’étaient à présent engagés dans une relation. Sans doute pas amoureuse, mais il y avait quelque chose. Quelque chose d’indéfinissable, d’indescriptible, mais quelque chose.

Seth ne voulait pas y songer tout de suite, pourtant ils n’avaient pas le choix. Les minutes de silence s’étaient écoulées, et à présent il devait bien bouger. Il ne pouvait pas rester étalé sur elle indéfiniment, et de plus, son cousin ne tarderait sûrement pas à revenir, lassé d’attendre en vain quelque chose qui n’arriverait pas.
Se dégageant doucement des mains de Liv, il se redressa doucement, l’observant, elle aussi plongée dans ses pensées, et finit par s’asseoir sur le canapé. Il attrapa la couverture étalée sur le dossier, et en recouvrit Liv, ainsi que lui-même. S’il n’était pas du genre à se montrer romantique, il l’était parfois malgré lui, et sa seule envie pour l’instant était de blottir la jeune femme tout contre lui, sous la couverture, à regarder les flammes du feu danser. Il n’en fit rien, cependant, n’esquissa aucun geste. Il se contenta de la regarder, allongée à côté de lui. Un mince sourire perça son visage.

« On est des incorrigibles adolescents en pleine puberté… » lança-t-il pour détendre l’atmosphère qui promettait d’être pesante. « Il suffit qu’on nous dise qu’on ne peut pas faire quelque chose pour qu’on s’y précipite, et on pourrait presque croire qu’on n’a jamais fait l’amour avec personne quand on regarde la précipitation… du grand n’importe quoi ! » acheva-t-il en riant.

Ce qu’il pensait en réalité, c’était plutôt : « Mais qu’est-ce qu’on va bien pouvoir faire, maintenant ? »
Il n’avait pas la moindre idée de où tout cela allait les mener. Il se savait incapable de lui résister, et pourtant, il s’agissait de son élève et il n’avait aucun droit à tout cela. Il risquait gros si cela se savait. Et puis, quel avenir donnait-il exactement à cette relation ? Lui savait qu’il n’y aurait jamais rien de plus, mais le savait-elle ? En voulait-elle plus ? Le moment de parler, d’apprendre à se connaître, était sans doute venu, mais il n’avait pas la moindre idée de comment s’y prendre. Il n’avait pas l’habitude de s’y résoudre, généralement…

« Une idée de ce qu’on va bien pouvoir faire ? » abdiqua-t-il.

Alors qu'il s'écartait d'elle, elle regrettait déjà Seth. Il n'était pourtant pas si loin d'elle. Est-ce seulement possible d'en arriver là avec un homme qu'elle ne connaissait en rien, et pire, qui avait un caractère qui n'avait jamais attiré la jeune femme chez aucun autre? Liv devait se résoudre à y croire car déjà, l'envie de le rejoindre pour une étreinte plus tendre montait en elle. Mais elle n'en fit rien. Alors que Seth la recouvrait d'un plaid – geste qu'elle apprécia néanmoins – Liv se détestait pour ça. Être faible à ce point? Certes, elle avait été plus fleur bleue qu'à présent quand elle était adolescente, mais tomber aussi vite dans les filets de quelqu'un, c'était tout de même une première. Mais peut-être était-ce justement cela qui faisait la différence... Ce qui était arrivé la veille était tellement inattendu et impensable que cela avait changé toutes les règles établies. Car des règles, à ce moment-là, il n'en restait guère.

Et Liv s'en fichait. Vraiment. Prof, élève, Gryffondor, Serpentard.... Cela avait-il vraiment son importance? Cela devait-il régir la vie des gens, les conditionner à ce point? Toujours allongée sur le canapé et enroulée dans la couverture, elle regardait la valse continue des flammes dans l'âtre jusqu'à sentir le regard de Seth sur elle. Elle se redressa légèrement, s'accouda, glissa une main pour soutenir sa nuque et le regarda à son tour. Elle le trouvait beau, là, assis, avec son air à la fois perdu et rieur. Liv aurait voulu savoir ce qu'il pensait exactement derrière ses yeux azurs, mais ne pouvait en deviner plus que cela. C'était une belle bêtise, c'était indiscutable. Mais c'était sans doute la bêtise qu'elle était la plus heureuse d'avoir faite... Au moins pour l'instant. Si ils s'arrêtaient là, le secret seraient sauf, et personne ne saurait ce qu'il s'est passé, et cela ne leur causerait pas de tord. Mais sans le savoir, Liv partageait la même pensée que Seth. Ils n'avaient pas pu s'empêcher de se voir une nouvelle fois... et cela voulait dire quelque chose, engageait presque à quelque chose. Cela signifiait-il le début de quelque chose? On ne pouvait pas parler d'amour, mais en tout cas c'était fort. Assez fort pour qu'ils réitèrent une deuxième fois, qu'ils ne puissent pas s'en empêcher. Alors oui, il y avait quelque chose, mais il était encore trop tôt pour savoir ce que c'était.

Seth finit par parler, les comparant à des adolescents... Liv rit et se mordit les lèvres ; elle doutait qu'un adolescent fasse aussi bien l'amour que Seth, mais elle s'abstint de lui dire. Elle prit un coussin et le jeta sur lui :
« Parle pour toi! Je suis d'une retenue exemplaire » lui lança-t-elle pour plaisanter, sachant très bien qu'elle était aussi fautive que lui.
Quoique, elle l'était moins que lui, c'était lui qui l'avait embrassé la première fois.
« Une idée de ce qu’on va bien pouvoir faire ? » lui demanda-t-il, l'air résigné.
Liv se roula dans un morceau du plaid et se redressa.
« On devrait former un joli petit couple en public, je pense que ça ferait de l'effet à tout le monde... Surtout chez les étudiantes » répondit Liv en riant.
Elle vint s'assoir à califourchon sur les genoux de Seth, face à lui. Elle se retint de passer ses bras autour de son cou car elle aurait voulu une simple étreinte, mais c'était sûrement la seule chose que Seth ne lui accorderait pas.
« Je ne te proposerai pas d'aller boire un verre pour mieux se connaître, ça n'a pas l'air d'être ton genre... mais continuer à se voir quand on le veut, pour ce qu'on a envie, c'est déjà un bon début, je pense. Non? »

La musique assourdissait de la jeune femme, même si elle avait pris soin de se jeter un sort pour amoindrir l'impact du son démesuré sur ses oreilles. Liv avait du mal à comprendre pourquoi les moldus se faisait du mal de la sorte, mais il n'avait jamais été trop connu pour leur intelligence en la matière. Liv adorait venir dans les fêtes des moldus ; elle était loin de tout, faisait des rencontres qui n'engageait à rien sur aucun plan, pouvait s'habiller comme il lui semblait et danser toutes la nuit sur des musiques qui auraient fait frémir d'effroi la plupart de la communauté magique. Mais ce soir était un soir assez spécial, parce que ce soir justement, elle attendait quelqu'un... La semaine s'était passée comme si rien de n'était – hormis le courant électrique qui l'a traversé lorsqu'elle se trouvait près de Seth et les regards appuyés qu'ils pouvaient parfois échanger – mais chacun avait fait de son mieux pour ne rien laisser paraître et c'est le jeudi soir que Liv avait envoyé un hibou à Seth. Elle ne savait pas si il serait au rendez-vous ou pas, loin de ce qu'ils vivaient d'habitude, au milieu du Londres des moldus. Car ici, personne ne serait choquer de les voir s'embrasser – ou plus – et surtout personne ne saurait qui ils sont, et ce qu'il sont, car le monde non-magique avait l'avantage de cacher les sorciers.

Seth regardait Liv, et elle finit elle aussi par poser les yeux sur lui. Leurs regards se croisèrent, et ils se fixèrent un instant sans parler. Il la trouvait magnifique, en cet instant, et pour rien au monde il n'aurait voulu que ça s'arrête. Romantique ? Plutôt profiteur du moment présent, et celui qu'il était en train de vivre lui plaisait et lui faisait ressentir des choses qu'il n'avait que rarement connues. Nue sous la couverture, ses épaules dépassant légèrement pour donner une toute petite idée de ce qui se cachait plus loin, elle était plus séduisante que jamais. Mais ce qui la rendait encore plus attirante, c'était qu'elle n'en avait pas la moindre idée. Ses cheveux décoiffés, son regard satisfait mais néanmoins fatigué, son maquillage qui n'était plus si parfait... tout cela faisait d'elle une femme au naturel, et c'est ce qui plaisait le plus à Seth. S'il avait été différent, il aurait pu tomber amoureux de cette femme rien qu'en la regardant ce soir. Il était pourtant simplement lui. Pourtant, il ne se sentait pas indifférent. Ce n'était pas de l'amour. Mais c'était quelque chose. Et c'était déjà plus que ce qu'il n'avait jamais ressenti jusque là, sans doute.

Il se décida toutefois à prendre la parole, brisant cette minute de contemplation parce qu'il ne supportait pas de perdre ainsi le contrôle. Il usa de l'humour pour le reprendre et rigola en disant qu'ils avaient l'air de deux adolescents. La jeune femme rit à son tour et lui jeta un coussin. Elle se défendit en prétextant qu'elle était d'une retenue exemplaire et il éclata franchement de rire, cette fois. Puis il reprit quelque peu son sérieux en demandant si elle avait une idée de ce qu'ils allaient faire, à présent qu'ils étaient conscients de ne pas pouvoir se contrôler en la présence de l'autre. C'était comme avouer qu'ils recommenceraient, mais sans vraiment le dire. Liv reprit la couverture un peu plus sur elle et se redressa. Elle semblait vouloir être sérieuse elle aussi, mais elle finit par lâcher qu'ils n'avaient qu'à se mettre en couple officiellement pour épater tout le monde, surtout les étudiantes !
Il prit un petit air réprobateur mais ne put répliquer puisqu'elle vint s'asseoir à califourchon sur lui. Puis elle avoua qu'elle savait qu'il n'était pas du genre à aller boire un verre pour discuter, mais que le voir pour ce qu'ils avaient envie sans condition lui paraissait une bonne idée.

Il mit une petite minute à répondre. Pendant laquelle il posa ses mains sur ses hanches. Il lança un regard vers la pendule, qui lui indiqua qu'il lui restait environ 15 minutes avant que son cousin ne revienne... s'il respectait les indications qu'il lui avait fournies.

« Les étudiantes se fichent pas mal de savoir avec qui j'ai des aventures ! Elles préfèrent les plus jeunes ! Mais il semblerait qu'il y en ait une qui fasse exception... »

Et il l'attira vers lui pour l'embrasser à nouveau, jetant la couverture qui se trouvait entre eux un peu plus loin.


La semaine s'était déroulée comme si rien ne s'était jamais passé. Il avait donné ses cours, était rentré chez lui, avait vécu comme un vrai célibataire – à l'exception d'une Olivia ou deux sur la semaine, qui commençait sérieusement à se demander pourquoi il agissait de la sorte – et avait corrigé ses copies en ne regardant pas les noms. Il n'avait même pas donné de retenue !
Pourtant, toute la semaine, à tout moment, il n'avait eu qu'une pensée en tête : la revoir, l'embrasser, la serrer contre lui et lui faire à nouveau l'amour. Liv Elder l'obsédait purement et simplement ! Il en devenait même fou, il détestait littéralement être la proie de ses pensées, la victime de ses pulsions. Depuis quand n'avait-il plus le contrôle ? Depuis quand se laissait-il guider par ses émotions ? D'ailleurs, depuis quand en avait-il ?!

Quand il avait reçu un hibou de sa part, il n'avait pu s'empêcher de ressentir une joie intense. Elle avait eu une idée géniale. Il allait pouvoir la retrouver en public sans devoir feindre de ne pas avoir envie d'elle. Car les heures passées en classe en sa compagnie étaient tout simplement une torture. D'ailleurs, il n'avait pu empêcher ses regards appuyés bien souvent.
Il n'avait pas répondu, cela lui avait semblé inutile, mais le jeudi soir, date du rendez-vous, il se rendit à Londres, habillé de manière classique, pour un moldu du moins, et il entra dans la grande salle qui accueillait la fête. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'ils fêtaient, d'ailleurs, et il s'en moquait. Tout ce qu'il voulait, c'était retrouver cette petite tête blonde.
Ce qu'il ne tarda pas à faire. Aussitôt l'eut-il repérée qu'il se faufila à travers la foule, et il alla enlacer son corps par derrière avant de venir déposer un baiser dans son cou. Il adorait ça. S'il avait pu, il en aurait fait bien plus. Pourquoi étaient-ils venus à cette fête déjà ? Pourquoi n'étaient-ils pas allés directement dans une chambre d'hôtel ?
Seth devait néanmoins reconnaître que la voir danser sur la piste de danse était un spectacle qu'il appréciait à sa juste mesure. Et il ne tarda pas à s'en délecter tout en l'accompagnant...

Liv était pratiquement outrée d'entendre Seth dire que les étudiantes ne s'intéressaient pas à ce qu'il faisait de son corps pendant son temps libre. Bon nombre de ses compatriotes élèves adoreraient être à la place de la jeune femme...
« Ça ne les intéressent pas? Tu te moques de moi! En plus elles seraient horriblement jalouses, ce serait l'enfer. Et je serais sans doute obligée de mettre ça par écrit et je ne voudrais pas entacher ta réputation... »
Liv rit joyeusement tant dis qu'il l'attirait contre lui, rejetant la couverture que les séparait. Entre deux baisers, Liv dit :
« Oui, j'aime les vieux » elle embrassa Seth « Ça me donne un genre » encore une fois « Encore qu'il faudrait que j'en parle pour que ça me serve à quelque chose... »

Minaly trouva la jeune femme étrange, mais ne tenta pas d'en savoir plus devant les conversations aux réponses vagues et sans fin qu'arrivait à lui servir Liv pour justifier son état. Peut-être Minaly avait-elle fait le rapprochement avec un garçon, mais elle aurait été bien en peine de pouvoir dire lequel. Liv avait trouvé refuge auprès de Sacha, qui comme à son habitude, lui servit sa bonne humeur et sa discrétion sans réserve, ce qu'elle apprécia à sa juste valeur. Sacha savait qu'il y avait des choses dont la jeune femme ne voulait pas lui parler, et des choses qu'il n'avait tout simplement pas envie de savoir. A chacun son jardin secret. Même si la mine résignée de Liv l'avait étonné, par la suite, les sourires qui traversaient son visage quand elle était dans ses pensées valaient tous les mots du monde et Sacha savait que cela relevait d'un des terrains les plus secrets de Liv.
Ils passèrent leur semaine ensemble, allant jusqu'à travailler dans la chambre de Liv, ce qui ne leur était pas arrivés depuis Poudlard. Même si sa compagnie ne comblait absolument pas le manque de Seth, cela lui permettait de garder l'esprit occupé et était au moins sûre d'arriver à travailler un minimum avec Sacha pour la ramener au présent. Mais au moment de s'endormir, quand il n'y avait personne d'autre, Liv n'avait plus d'échappatoires, et elle repensait sans cesse à ces mêmes choses, sa bouche, ses bras, sa tendresse dissimulée et sa passion brûlante. Difficile de dormir après ça.
Alors, elle n'avait pas résisté, elle lui avait envoyé le nom d'un lieu, un heure et une date. Et ce fut de cette façon que Liv prit la route de Londres le jeudi soir, vêtue du plus banal des accoutrements pour aller faire la fête dans le Londres des moldus. Elle aimait participer à ce genre de fête, très loin de la retenue des sorciers. L'ambiance était déjà à son comble lorsqu'elle arriva et Liv se glissa au milieu de la piste et se laissa envahir par le rythme puissant de la musique, laissant le temps glisser sur elle et le monde qui l'entourait.

La pression de sa bouche sur son cou ne laissa aucun doute, elle aurait reconnu ses baisers entre mille. Liv se retourna et serra son corps sur le sien, qui avait terriblement souffert de son absence pendant la semaine passée. Elle dévora sa bouche, à la limite de l'indécence pour un lieu qui regroupait autant de monde mais elle s'en fichait car ici, il n'y avait personne dont ils avaient à se cacher.
Après plusieurs minutes d'un baiser brûlant, Liv s'écarta de Seth, juste assez pour se laisser la place de bouger et commença à danser en rythme, assez près pour sentir la chaleur de la peau de Seth. Liv ne pouvait dire à quel point cette situation la transcendait – eux au milieu de tant de monde alors qu'ils gardaient un secret que personne du monde de la magie ne devrait savoir. Son esprit ne maîtrisait plus rien et elle ne le voulait pas, prise entre passion et désir, frénésie et pulsion, rythme et musique, l'instant était mémorable d'abandon. Il lui était difficile de ne pas se jeter sur Seth sans plus de concessions ni de manières, mais la distance et la retenue qu'ils devaient garder ici même ne facilitait pas les choses, loin de là. Mais Liv dansa encore, appréciant cette sensation nouvelle, cette impression de ne faire qu'un, mais d'une toute autre manière. A cet instant, possédée par la force qui serrait son cœur et son corps douloureux, elle était folle de lui, folle amoureuse de cet homme au regard d'acier et au corps brûlant, complètement prise au piège d'une chose qu'elle était bien incapable de contrôlée. Peut-être était-ce cela qu'elle avait cherché pendant ses années de voyage : le grand frisson, le vrai, celui qui vous fait trembler d'envie et de peur, qui vous fascine et vous emporte, celui qui vous fait hésiter entre sauter au risque de tomber et rester au risque de le regretter toute sa vie. Et elle l'avait trouvé dans le plus inattendus des endroits, une simple salle de cours et dans les bras d'un homme si imparfait, mais tellement fait pour elle en même temps. L'ivresse d'un saut vers l'inconnu.

Elle n'aurait pu dire combien de temps s'était passé avant que Liv ne brisât la danse. Elle passa ses bras autour du cou de Seth et glissa une main dans les cheveux de sa nuque, l'embrassa à nouveau, mordilla ses lèvres, savourant la saveur de sa bouche au goût d'interdit, avant de glisser jusqu'à son oreille.
« Je te veux. »
Elle prit sa main et se faufila à travers la foule. Une fois sur le trottoir, elle lui dit :
« Il y a un endroit qui n'attend que nous. »
Ils purent se séparer assez longtemps pour rejoindre une rue proche où une amie moldue de Liv lui avait prêté son appartement. Ce genre d'amie qu'on ne voyait que pour faire la fête et qui vous rendez service quand même.
La porte claqua derrière eux et Liv se retrouva entre un mur et le corps de Seth. Elle se détacha de lui et le poussa à reculons jusqu'au centre du studio où il y avait le lit. Il tomba sur le dos, Liv vint s'assoir sur lui et ôta le top qu'elle portait.